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relevant du ministre de l’intérieur, le commissaire en chef nomme tous les agens de l’ordre exécutif, au nombre de dix mille environ. A côté de lui, le gouvernement choisit un receveur qui représente la police, personne morale, au point de vue économique, réalise les achats et les ventes de biens meubles et immeubles. Le commissaire en chef reçoit 32,500 francs de traitement, le receveur 20,000 francs, les juges des quinze tribunaux de police 28,000 francs chacun. Tous, d’ailleurs, agens supérieurs ou inférieurs, sont exclus des élections, ne peuvent influencer les électeurs, d’une façon quelconque, sous peine d’une amende de 2,500 francs. Un autre correctif de leur autorité vient de la presse, toujours en éveil, et du droit de poursuivre les fonctionnaires qui abusent.

La cité de Londres résista plus de dix ans et, en 1839 seulement, elle accepta un compromis qui, dans une juste mesure, sauvegardait son autonomie. Depuis cette époque, sa police est confiée à une commission supérieure et à un commissaire en chef, nommés par le Common council, mais ce dernier doit recevoir l’investiture du gouvernement. Au commissaire en chef appartient le choix des agens du service actif, à la commission supérieure le choix des agens du service administratif. Le premier prépare aussi les réglemens de police, les soumet à l’approbation du lord-maire, qui les présente à l’homologation du ministre de l’intérieur. En 1883, la police de la cité coûtait 2,525,000 fr., la police métropolitaine 28,400,000 fr. L’état contribue pour un quart; les paroisses supportent la dépense des trois autres quarts. C’est le commissaire en chef qui divise entre elles la taxe, notifie le contingent aux maîtres des pauvres (guardians, overseers), tenus de la répartir à leur tour entre les habitans.

Il faut à Londres distinguer avec soin la cité et la métropole : celle-ci, dont j’ai essayé d’analyser le mécanisme, désigne la vaste agglomération de Londres avec sa banlieue ;-celle-là, avec ses 200,000 habitans, placée comme un état au milieu de l’immense métropole, est une corporation municipale qui seule a échappé à la réforme de 1835, et repose sur l’antique organisation des guildes ou corps de métiers. Appuyée sur ses cent vingt chartes, dont la première remonte au temps d’Edouard le Confesseur, elle a vaillamment résidé à toutes les attaques. Son corps électoral se compose de 76 livery Companies ou corps de métiers qui comptent 7,000 membres, de 20,000 freemen, occupant un loyer annuel de 250 francs au moins. Dans chaque ward ou quartier, les freemen élisent un certain nombre de councilmen nommés pour un an, et un alderman ou adjoint nommé à vie. Le Common council, qui comprend 206 conseillers et 26 aldermen, présidés par le