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Galinier, qui faisait dans ce poste l’intérim du commandant Du Barail, se mit résolument à ses trousses, fit 30 lieues en trois jours et le poussa jusqu’au Mzab, sans pouvoir toutefois l’atteindre; quoi qu’il en soit, cette pointe hardie ne laissa pas d’imposer pour quelque temps aux Mzabites.

Le gouverneur-général avait résolu d’en finir avec le chérif. Son plan d’opérations, le plus vaste qu’on pût concevoir, s’étendait sur une ligne de plus de 100 lieues, et sur cet immense front de bataille, c’étaient les goums indigènes qui devaient agir, soutenus seulement à distance par des réserves françaises. Dans ce drame entre Arabes, le premier rôle appartenait de droit à Si-Hamza. Il avait, pour marcher, pour courir, pour se battre, n’importe où, n’importe comment, liberté pleine et entière. Le but qu’il devait atteindre, coûte que coûte, c’était la destruction du chérif. Sous ses drapeaux étaient groupés 1,000 chevaux et 1,200 hommes de pied des Ouled-Sidi-Cheikh. Plus à l’est, le bach-agha Si-Chérif-Bel-Arch avait convoqué les Ouled-Naïl et les Larbâ restés fidèles; encore plus à l’est, les goums de Bou-Sâda, du Hodna et des Ziban se rassemblaient sous leurs kaïds, en avant de Biskra. Pour appuyer cette grande chevauchée de burnous, le commandant Niqueux, entre Géryville et Aïn-Madhi, le commandant Du Barail à Laghouat, le colonel Dargent près d’Aïn-Rich, se tenaient prêts à se mettre en selle.

Dès les premiers jours de novembre, le mouvement commença. Emporté par son ardeur, le commandant Du Barail pressa la marche de ses goums; le 10, il était à Berriane, le 16, à Guerrara; mais tandis qu’il croyait Si-Hamza en avant sur sa droite, surpris par une de ces trombes d’eau qui transforment en torrens infranchissables les oueds à sec la veille, Si-Hamza avait fait halte. Isolée, en l’air, à 50 lieues de sa base d’opérations, la colonne de Laghouat reçut du gouverneur-général l’ordre de se reporter en arrière; mais déjà Si-Hamza s’était remis en marche. Le 18 novembre, il était entré à Metlili sans résistance. Il y fit une longue station, non pas qu’il hésitât, mais parce qu’il voulait donner aux négociations qu’il avait ouvertes avec les Mzabites d’une part, les Chambâ de l’autre, le temps d’aboutir. Quand il en eut recueilli les premiers et très heureux effets, il se dirigea vers Ouargla, le 5 décembre. Le commandant Niqueux le remplaça aussitôt dans Metlili, et le commandant Du Barail, revenu à Guerrara, lui envoya le goum des Larbâ en renfort.

L’oasis de Ngouça est à 20 kilomètres au nord-est d’Ouargla ; Si-Hamza y laissa en dépôt ses vivres et ses bagages, puis il se mit à la recherche du chérif, juste au moment où celui-ci allait le chercher lui-même. Au lieu de se rencontrer, les deux adversaires se croisèrent