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à toutes les exigences. C’est pourquoi la Société de secours aux blessés a ouvert des conférences qui sont une sorte d’école permanente où les futurs infirmiers et les futures infirmières peuvent recueillir d’indispensables notions. Au local même de la Société, rue Matignon, l’on peut écouter la parole de quelques praticiens sérieux dont la technologie n’a rien d’excessif et qui, le plus souvent, réussissent à se mettre à la portée d’un auditoire chez lequel la bonne volonté est presque toujours supérieure à la science. Ce n’est pas un mince mérite, car le métier de vulgarisateur n’est point facile à exercer. Ces cours, inaugurés en 1882, sont divisés en deux parties distinctes : celle qui s’adresse aux brancardiers-infirmiers, celle qui est réservée aux dames infirmières. Deux fois par semaine, pendant les mois de février, mars, avril, mai et juin, les uns et les autres peuvent recevoir l’enseignement théorique qui leur permettra d’acquérir promptement l’habileté que seul peut donner le séjour dans les ambulances. Le choix des cours est judicieux : anatomie, physiologie, fractures dans la chirurgie de guerre, hygiène hospitalière, appareils improvisés pour les pansemens provisoires, élémens de pharmacie usuelle, fonctionnement du service de santé en campagne, lingerie, c’est-à-dire confection des linges à pansement. La marine n’est pas oubliée, car on fait des conférences sur les ambulances flottantes.

J’ai assisté à ces cours auxquels préside toujours un membre du conseil ; j’en ai été satisfait; ils m’ont paru remplir l’objet auquel ils sont destinés. Chaque leçon dure une heure environ et ne s’égare pas en considérations étrangères au sujet. Point de discussion de doctrine, point de dissertation savantasse, rien autre que le fait, comment il se produit, quelle conséquence il entraîne, par quels procédés on peut en neutraliser ou en atténuer les effets. C’est très simple et très clair ; du moins j’ai compris tout ce que j’ai entendu, et j’en ai conclu que nulle explication n’avait échappé à l’intelligence des auditeurs. Lorsque la leçon est ce que j’appellerai mixte, c’est-à-dire lorsqu’elle s’adresse aux infirmières aussi bien qu’aux infirmiers, le public est nombreux, et les femmes en forment la grande majorité. Après le premier froufrou des robes et quelques saluts échangés, elles restent silencieuses, attentives, ne quittent point le professeur des yeux et, comme l’on dit, sont bien à leur affaire. Beaucoup d’entre elles prennent des notes, elles se dépêchent, elles se dépêchent, elles voudraient ne pas perdre un mot, et l’orateur par le vite, car il y a bien des choses à dire et le temps lui est mesuré. Lorsqu’elles entendent une parole dont la signification ne leur semble pas absolument précise, elles prennent un air effaré et ont des petits mouvemens d’oiseau inquiet qui sont charmans ; je les ai vues toutes dresser la tête en même temps et