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L'IMPOT SUR LE CAPITAL
A ATHENES


I

L’impôt athénien sur le capital fut, sous sa forme primitive, un impôt sur la propriété foncière. C’est assez l’usage que les peuples débutent ainsi, d’abord parce qu’à l’origine la terre est la source presque unique de la richesse, et, en second lieu, parce qu’une taxe sur la terre est généralement d’une assiette et d’une perception aisée, même pour une administration rudimentaire.

Au sujet de cet impôt, tel que Solon semble l’avoir imaginé vers la fin du VIIe siècle, Böckh a développé un système dont voici les traits essentiels. On déterminait le capital de chacun en multipliant par 12 le chiffre du revenu agricole ; puis on groupait les citoyens en quatre classes censitaires ; la dernière ne payait rien ; les trois autres étaient taxées d’après un tarif uniforme, qui s’appliquait, pour la première, à la totalité du capital, pour la deuxième, aux 5/6e, pour la troisième, aux 5/9e. Cette hypothèse avait obtenu jusqu’ici l’assentiment de tous ; elle a pourtant provoqué depuis peu quelques objections. L’impôt attribué par Böckh à Solon ne convient guère à une société où, comme on l’a dit, « la science des finances était encore dans l’enfance. » On remarquera, en effet, que c’est à la fois un impôt foncier, un impôt progressif et un impôt des classes. De pareilles taxes se rencontrent dans l’histoire ; mais elles n’apparaissent que dans des sociétés où la civilisation est déjà très raffinée et où l’état possède de puissans moyens d’action. Il est donc