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LA
REFORME ADMINISTRATIVE

I.
LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR.


I

Depuis un siècle, le dogme de la souveraineté du peuple a fait son chemin dans notre pays ; il est aujourd’hui reconnu par tous les partis et, ce qui n’est pas un des moindres événemens de ces dernières années, accepté même par les princes. Cent ans après la révolution, les Français de 1888 paraissent s’être mis d’accord, sinon sur la forme des étages supérieurs, du moins sur les fondemens de leur habitation politique.

Cependant, par la manière dont ces trente-sept millions de rois exercent leur empire sur eux-mêmes, il arrive que ce peuple souverain n’est pas un peuple libre. Il n’a échappé à l’absolutisme de ses anciens maîtres que pour tomber sous une nouvelle espèce de tyrannie qu’il a lui-même organisée. La liberté politique consiste en effet dans le respect, par le pouvoir national, des volontés individuelles qui ne portent pas atteinte à l’existence de la communauté : on doit en convenir, l’obligation pour chacun d’obéir à tous en tout et pour tout, — le communisme d’état, — représenterait une singulière sorte d’indépendance ; si un pareil régime était le dernier mot des réformes attendues par les générations passées, à quoi bon tant de changemens, plus ou moins rudes, dans l’étiquette de