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transportés par les chemins de fer, et ces objets furent si nombreux qu’on fut obligé de les diviser par catégories et d’établir pour chacune d’elles une sorte de direction spéciale. « Le grand dépôt central comprenait sept sections : campement, vêtemens, pansement, instrumens et appareils chirurgicaux, médicamens et désinfectans, alimens et tabac, installation des hôpitaux[1]. » L’influence des sociétés de secours fut prépondérante en tout ce qui concerna l’évacuation des blessés sur les hôpitaux ; c’est à elles que l’on doit l’installation des trains spécialement disposés et outillés pour le transport des blessés. Le grand-duché. de Bade, le Wurtemberg, la Bavière, la Prusse, rivalisaient d’émulation dans l’aménagement de ces wagons, qui formaient de véritables hôpitaux ambulans, et où l’on parvint à placer, dans de tolérables conditions, jusqu’à 900 malades pour un seul voyage. Des médecins, des aumôniers convoyaient ces malheureux, qui, au long de leur route, traversaient des lazarets temporaires où ils pouvaient s’arrêter et reprendre des forces, s’il en était besoin. On ne recula devant aucun effort, devant aucun sacrifice, pour rendre moins cruelles les suites de la guerre. C’est là un immense progrès dont profitera l’humanité.

Il n’est qu’équitable de reconnaître que l’Allemagne n’a rien négligé pour porter secours aux victimes des batailles. La victoire lui rendait la tâche facile, et elle n’eut pas à lutter contre les obstacles que les sociétés de France ne purent vaincre en partie qu’à force de persévérance, et dont je parlerai prochainement.


MAXIME Du CAMP.

  1. Moynier, p. 107.