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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.

La politique est donc définitivement comme la saison, inconstante et saccadée, mêlée de bourrasques et d’éclaircies, tour à tour troublée ou adoucie ? On se croit un instant aux plus mauvais jours, on s’y est presque accoutumé, on revient brusquement au calme. En quelques heures on passe par toutes les extrémités de la température morale aussi bien que de la température physique, avec cette circonstance peu rassurante toutefois que la bourrasque finira peut-être un jour ou l’autre par avoir le dernier mot. Dernièrement encore, le trouble était dans les esprits, saisis de vagues appréhensions, préoccupés de l’état de la France, de l’état de l’Europe, des menaces qui semblaient éclater de toutes parts, sous toutes les formes ; aujourd’hui, les agitations sont presque passées, la paix, une paix apparente, est revenue. Les nuages les plus noirs paraissent au moins presque à demi dissipés provisoirement. Ce que sera l’avenir, ce qui arrivera d’ici à quelques mois de la France, de l’Europe, on ne le sait guère. Pour le moment, parmi nous, on se remet des émotions récentes en feignant d’oublier. On se hâte de rentrer dans cette vie passablement débraillée et incohérente, assez indéfinissable par elle-même, où rien n’est certes changé ni résolu, mais où l’on se rassure parce qu’on veut se rassurer, où tout se passe en voyages, en fêtes de circonstance, en congratulations, en discours, en polémiques vaines. Les invitations pleuvent sur nos ministres, occupés à satisfaire toutes les fantaisies provinciales, sans compter leurs propres fantaisies. C’est toujours une manière de perdre le temps qu’on ne sait pas employer.

Oh ! sans doute, à travers tout, il y a des choses sérieuses qui suivent leur cours invariable. Il y a ces manœuvres militaires qui se poursuivent un peu de toutes parts : au camp de Châlons, où notre cavalerie se forme à son devoir sous la vive et intelligente impulsion de M. le général de Galliffet ; dans le bas Languedoc, où M. le général