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déclarant, dans la séance du 7, que l’assemblée était décidée à s’associer à l’action du peuple pour prévenir le danger de l’élection Ferry ; M. Hovelacque et ses collègues respirant avec délices l’encens des félicitations qui de toutes parts affluèrent pendant un mois, inscrivant les adresses aux procès-verbaux des séances, faisant sonner bruyamment qu’ils n’ont qu’à parler pour imposer au parlement, sinon leurs volontés positives, du moins leurs répugnances, leurs volontés négatives ; car ces habiles architectes de ruines savent à merveille que passer pour puissant c’est être puissant, que les foules n’entendent que ceux qui parlent haut, et l’attitude du congrès ne justifiait que trop leurs prétentions. N’était-ce pas le cas de répéter avec Guez de Balzac : « Cette fièvre chaude de rébellion, cette léthargie de servitude viennent de plus haut qu’on ne l’imagine. Dieu est le poète et les hommes ne sont que les acteurs ; ces grandes pièces qui se jouent sur la terre ont été composées dans le ciel, et c’est souvent un faquin qui doit en être l’Atrée ou l’Agamemnon… Quand la Providence a quelque dessein, il ne lui importe guère de quels instrumens elle se serve ; entre ses mains, tout est foudre, tout est tempête, tout est Alexandre, tout est César. Elle peut faire par un enfant, par un nain, par un eunuque ce qu’elle a fait par les géans, par les héros, par les hommes extraordinaires. »

Les élections municipales de Paris ayant fatalement un caractère politique, les élus se considèrent comme destinés à régner sur la capitale et à venger leurs prédécesseurs traîtreusement vaincus en 1794, en 1871. Ils ont obtenu l’amnistie, et personne n’ignore comment ce haillon de guerre civile est redevenu le drapeau de la guerre sociale ; ils demandent, par scrutin public, la suppression du sénat et de la présidence de la république, réclament sans cesse l’autonomie, prennent parti pour les ouvriers dans les grèves et les alimentent de nos deniers. On leur objecte que ces ouvriers ont assassiné un contremaître, que la grève ne se passe pas dans leur département. Fausses pudeurs ! scrupules surannés ! Est-ce que pendant la grande révolution, la commune de Paris n’avait pas ses armée8,ses émissaires, ses Ronsin, ses Rossignol, qui opéraient en province ? Un jour, ils veulent, à propos du centenaire de 1889, former une fédération des communes de France, des communes bien pensantes, cela s’entend, car il s’agit de fonder une république antirurale, urbaine, parisienne et socialiste. Ce sera, dit l’un d’eux, le commencement de la révolution. — Et voici le projet de MM. de Bouteiller et Chassaing : Article premier. — « Le bureau du conseil est chargé de prendre les mesures nécessaires pour l’organisation, dans le plus bref délai possible, d’un congrès des représentans des conseils municipaux de France. — Article 2. —