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pompe, au mois d’étanim, à la date du hag, qui se faisait en ce mois. Salomon y présida ; des bêtes innombrables furent tuées en sacrifice. L’arche fut posée sous les grands keroubs ; on conserva dans leurs anneaux les longues barres qui avaient servi autrefois à la porter.

Quels objets contenait l’arche à cette époque ? Voilà ce qu’il est fort difficile de dire. Le nehustan ou serpent d’airain qu’on rapportait à Moïse s’y trouvait probablement. Il en était de même de l’éphod et de quelques téraphim. Si jamais l’arche renferma des écritures, il faut supposer qu’on les en retira, au moment où le coffre sacré fut mis dans le debir.

A partir du moment -de l’installation de l’arche, Iahvé fut censé demeurer dans le debir, assis entre les ailes des anciens keroubs de l’arche et à l’ombre des nouveaux keroubs. Là était, dans une ombre mystérieuse, la gloire de Iahvé ; une nuée permanente était censée remplir le sanctuaire. Le dieu résidait au sein de la terreur. Aucun œil humain ne le voyait. Plus tard, il ne fut permis qu’au chef des prêtres d’entrer dans le debir une fois l’an.

Le service religieux que Salomon établit paraît avoir été des plus simples. Trois fois par an, aux trois fêtes de Pâques, de la Pentecôte et des Tentes, il montait avec ses officiers, et offrait des oloth et des selamim sur l’autel d’airain qui était devant le temple. Il entrait dans le hékal, s’y prosternait, et brûlait de l’encenseur l’autel doré qui était devant la porte du debir. Outre ces trois occasions solennelles, il est probable que le roi offrait souvent des oloth, peut-être même en offrait-il tous les jours, ou du moins aux néoménins et le jour du sabbat. Roboam, le fils de Salomon, se rendait au temple avec ses gardes armes de lettre boucliers de parade. Le tour de la phrase semble supposer que cela arrivait assez fréquemment. Le sacrifice régulier du matin et du soir, et même le sacrifice journalier ne furent établis que bien postérieurement.

Salomon et ses successeurs immédiats paraissent avoir présidé directement aux actes de culte qui se pratiquaient dans le temple. Le temple, on ne peut trop le rappeler, n’est guère, à cette époque, que le sanctuaire domestique de la royauté. Pour les sacrifices, cependant, on avait besoin d’hommes spéciaux, et, d’ailleurs, quand le roi était absent, il fallait le remplacer. La classe des cohunim gagnait ainsi chaque jour en importance. Logés autour du temple, ils vivaient dans l’oisiveté d’une bombance perpétuelle, entretenue par les offrandes. Le gros travail ne leur incombait pas. Ils avaient pour cela des esclaves, les Gabaonites, attachés au service de la maison de Dieu comme bûcherons et porteurs d’eau.

Le rôle liturgique d’un « grand prêtre, » ayant une prééminence fonctionnelle sur ses confrères, n’existait pas à cette date reculée.