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de fer que cette arme ne prit jamais en Israël de développemens considérables. Quant aux chevaux richement parés, ils vinrent d’Égypte sous Salomon.

Le personnel gouvernemental de David était très restreint. Toute son organisation ministérielle, si l’on peut s’exprimer ainsi, est décrite en trois lignes. Joab, fils de Serouia, était son sar-saba (comme on dirait en Turquie, son sérasquier). Benaïah, fils de Joïada, était chef des Kréti-Pléti, c’est-à-dire des gardes du corps étrangers. Adoram ou Adoniram, fils d’Abda, était préposé aux corvées et prestations en nature. La rareté de l’argent ne permettait pas encore de parler de finances. Seraïah était sopher, c’est-à-dire secrétaire d’état, chargé de l’ordre et de l’expédition des affaires. Josaphat-ben-Ahiloud était mazkir, c’est-à-dire grand-chancelier, archiviste, historiographe. Ces deux dernières fonctions supposaient notoirement l’écriture.

Il n’est pas douteux, en effet, que l’écriture ne fût largement employée au temps où nous sommes arrivés. Parmi les morceaux qui composent actuellement la biographie de David dans les livres historiques hébreux, nous possédons probablement plus d’une page qui remonte au temps même de David, et qui peut avoir été tracée par le stylet de Seraïah ou de Josaphat-ben-Ahiloud. Tels sont les listes des gibborim et les anecdotes qui s’y rattachent, certaines courtes notes sur les expéditions de David. Les pièces d’état, les généalogies, les documens importans pour la transmission de la propriété devaient être également dans les attributions du mazkir.

David ne paraît avoir eu que peu de relations avec l’Égypte ; il en eut encore moins avec l’Assyrie, dont l’action à cette époque n’arrivait pas jusqu’aux bords de la Méditerranée. Ses relations avec les villes phéniciennes de la côte paraissent avoir été amicales. Mais David ne s’ouvrit pas, comme Salomon, au goût des civilisations étrangères. Il était trop complètement l’homme idéal d’une race pour songer à se compléter par le dehors, à peu près comme Abd-el-Kader, de nos jours, n’a jamais voulu rien apprendre en dehors de sa discipline première. Les Philistins seuls furent pour David de vrais maîtres ; or, les Philistins représentant une Grèce primitive et barbare, ce fut ici la première fissure par laquelle l’influence aryenne s’exerça sur Israël.

Bien plus sage que Saül, David se montra juste pour les Chananéens, qui formaient, à la surface d’Israël, des flaques de populations distinctes. David favorisa la fusion de ces vieux habitans du sol avec les Israélites. Il semble qu’il considérait les hommes des deux races indistinctement comme ses sujets. Il a des Hittites, en particulier un certain Uriah, parmi ses officiers les plus braves et les plus en faveur. Il fait aux rancunes des Gabaonites une