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traiter de la paix avec Rohan, et s’aboucha avec lui à Saint-Privat. A la suite de cette entrevue, Rohan entra dans Montpellier, mais il ne put décider les habitans à accepter les articles dont il était porteur. Les négociations furent interrompues et le siège commença. Lesdiguières demanda au roi la permission de retourner en Dauphiné pour lever des troupes qu’il enverrait par le Rhône. Il retourna plus tard au camp et reprit le traité avec le duc de Rohan. Cette fois, ce dernier réussit à convaincre ceux de Montpellier, et la paix générale fut conclue.

Après l’établissement de la paix générale, le roi se rendit de Montpellier à Avignon et à Grenoble. Il y fut reçu par le connétable et lui fit l’honneur d’aller voir sa maison de Vizille, où il fut magnifiquement traité. Lesdiguières accompagna le roi à Paris; il y fut pourvu du gouvernement de Picardie et en inspecta les places. Il mit sur le tapis l’affaire des Grisons et de la Valteline, conseilla une ligue avec Venise et le duc de Savoie, et quitta la cour pour aller préparer avec ce prince la guerre de Gènes. Pendant son séjour à Paris, il avait conseillé au cardinal de Richelieu d’employer en Italie le duc de Rohan et son frère Soubise. La guerre résolue, il assembla en Bresse une armée de 15,000 hommes de pied et de 9,000 chevaux; mais on donna une grande partie de ces troupes au marquis de Cœuvres (depuis maréchal d’Estrées), pour tenir en échec Tilly, et il ne resta au connétable que 6,000 hommes de pied et 500 chevaux. Il passa les Alpes au cœur de l’hiver et rejoignit à Turin le duc de Savoie, qui avait 12,000 hommes et de l’artillerie.

La campagne de Gênes ne fut point heureuse : Lesdiguières en attribua l’insuccès à la jalousie du duc, qui contrecarra tous ses desseins. Le connétable voulait aller du côté de Savone et prendre dans ce port sa base d’opérations. Le duc préféra s’attaquer aux places du Montferrat, qui sont sur la frontière du Milanais. La ville et le château de Gavy furent d’abord emportés (22 avril 1625) ; mais les Espagnols, sous le duc de Feria, investirent et prirent Acqui, et l’armée qui s’acheminait sur Savone dut battre en retraite. Gavy fut repris, et les Espagnols allèrent mettre le siège devant Verrue : le connétable les força de lever le siège, et, après un brillant combat, les mit en pleine retraite. Le duc de Savoie voulait les suivre dans le Milanais, mais Lesdiguières avait l’ordre exprès de n’y pas entrer; il quitta l’armée et se retira en Dauphiné.

En arrivant à la Mure, où était l’une de ses terres, il apprit que Brizons s’était saisi du Pouzin et avait joint ses armes à celles des mécontens du Vivarais. Brizons traita avec le connétable, moyennant la somme de 26,000 livres et le brevet de maréchal de camp, le rasement du château et de la citadelle, et quelques autres conditions.