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general dwellings Company). Depuis vingt ans, elle a élevé, aux environs de Londres, près de 5,000 maisonnettes avec jardins.

C’est en 1874 que le premier grand parc a été ouvert, à peu de distance de Londres. C’est Shaftesbury-park. Il comprend 1,200 maisons, divisées en cinq catégories, suivant le nombre et la dimension des pièces ; toutes ont une cuisine, une laverie, un petit jardin sur le devant et une cour en arrière. La première catégorie comprend six pièces, et le loyer est de 800 francs ; la dernière, qui est composée de deux chambres et d’un petit salon, se loue 390 francs. Pour acquitter des prix semblables, il faut gagner de 7 à 10 francs par jour ; aussi ne trouve-t-on, dans Shaftesbury-park, que des familles appartenant à l’élite de la classe ouvrière : des typographes, des ébénistes, des mécaniciens, des commis, etc. Ils y jouissent d’un grand confortable. Les parcs, qui se sont multipliés depuis 1874, ont tous un aspect riant. Les maisons sont tenues avec soin; les petits jardins sont bien entretenus, et on trouve, au centre de l’agglomération, un grand hall qui sert de lieu de réunion pour le service religieux, et dans lequel on donne des bals et des concerts. On y trouve également une bibliothèque et une salle de lecture.

Les compagnies ont fait, comme on le voit, tous leurs efforts pour intéresser les familles à la bonne tenue des maisons et leur y créer des distractions salutaires; mais tout ce confortable n’est accessible qu’aux privilégiés de la classe ouvrière. Aussi les maisons collectives, qui représentent le second type, et qui sont beaucoup moins dispendieuses, se sont-elles multipliées dans de bien plus fortes proportions. Elles occupent en général une position plus centrale que les cottages. Elles ont surgi sur l’emplacement occupé jadis par des maisons insalubres, quand l’expropriation a permis de les abattre. Les ouvriers ont eu, dans le principe, quelque répugnance à s’y loger ; mais aujourd’hui leur empressement est tel qu’on n’a plus que l’embarras du choix, et que l’admission dans ces immeubles est un titre de moralité.

Les constructions élevées par les administrateurs de la fondation Peabody sont particulièrement recherchées. Cela s’explique par le peu d’élévation du prix des loyers. La générosité du fondateur et le mode de construction qu’on a adopté permettent de livrer des chambres à 130 francs par an. Ces immeubles ne sont pas l’idéal rêvé par les hygiénistes. Ils se rapprochent beaucoup de la cité-caserne type dont nos constructeurs s’efforcent avec raison de s’éloigner. En voyant s’élever, au milieu des maisons basses et enfumées des quartiers populeux, ces grands édifices qui les dominent, on se demande d’abord si ce sont des hôpitaux ou des casernes. Lorsqu’on en a franchi l’entrée, on se trouve dans un grand préau qu’entourent