Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 87.djvu/354

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rendu simple. En quelques phrases, on explique le plan fondamental. C’est seulement dans l’étude des êtres animés qu’ont été réalisées de telles synthèses, les plus grandes qui aient jamais été dévoilées par l’esprit humain. Il ne serait pas inutile d’en saisir la jeunesse.

C’est bien pendant la dernière année d’étude que les élèves des lycées, alors en possession d’un guide aussi sûr que la méthode, se trouveront aptes à recevoir quelques notions essentielles touchant l’organisme et les grandes fonctions de la vie chez l’homme et chez les êtres d’un intérêt immédiat dans nos sociétés. Avec une certaine vue passablement assurée à l’égard des organes des sens, chacun pourra se flatter d’apprécier sainement les impressions, les perceptions, les sensations. Ainsi, avec le moins d’effort et le plus de sûreté, on parvient à s’initier aux actes qui dérivent de l’instinct et de l’intelligence, c’est-à-dire à la psychologie. Dans l’instruction de la jeunesse, on ne manqua jamais, sans doute, d’éveiller le sentiment par la morale et par les exemples des plus nobles aspirations humaines. À cette tâche, personne ne voudrait faillir ; mais, en même temps, n’est-il pas utile d’exalter l’esprit à la source inépuisable de la nature? Dans l’ensemble, ce sont d’admirables spectacles; dans le détail, des scènes gracieuses ou d’un effet saisissant; partout enfin, l’attrait des phénomènes de la vie. Nul ne saurait y porter un peu sérieusement les regards sans être entraîné à l’admiration. Savoir admirer, c’est la sagesse d’estimer toutes choses selon la juste valeur; c’est la faculté de défendre l’esprit contre les engouemens irréfléchis, contre les enthousiasmes exagérés! Dans un temps où la société semble se dégager de certaines croyances qui ont passionné pendant une série de siècles, seule la nature peut procurer des ravissemens dont parfois se montre avide l’âme humaine. Les sujets nous environnent, ils rendent possible notre existence, ils demeurent à notre portée pour satisfaire à nos besoins matériels, pour servir à notre instruction, pour exalter nos qualités affectives. L’observation de la nature faisant aimer la vérité et, avec la vérité, la justice, en inspirant le goût de ce qui est utile et beau, en suscitant l’amour pour les magnificences les plus grandioses qu’il soit permis de contempler, est encourageante pour toutes les consciences. L’admiration des spectacles de la nature a été l’origine de chefs-d’œuvre de la littérature : elle a fait surgir les merveilleuses descriptions de Buffon, les narrations simples et limpides de Jean-Jacques Rousseau, les pages si touchantes de Bernardin de Saint-Pierre. A notre époque même, des écrivains, animés d’un sentiment délicat de la nature, n’ont-ils pas obtenu les plus légitimes succès pour avoir tracé des tableaux