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3e brigade de gauche, sous les ordres du colonel Pélissier, comprenant deux bataillons du 6e léger, le 10e bataillon de chasseurs et trois bataillons du 48e ; 4e arrière-garde, sous les ordres du colonel Gachot, comprenant deux bataillons du 3e léger et le 6e bataillon de chasseurs. La cavalerie, commandée par le colonel Tartas, marchait en deux colonnes encadrées par l’infanterie, celle de droite, sous les ordres du colonel Morris, formée du 2e chasseurs d’Afrique et du régiment de marche venu de France ; celle de gauche, commandée par le colonel Jusuf, formée des spahis et du 4e chasseurs d’Afrique, et suivie du maghzen d’Oran, sous les ordres du commandant Walsin Esterhazy[1]. Telle qu’elle était réglée par le maréchal, la formation de combat présentait la figure d’un losange irrégulier, dont les côtés postérieurs étaient réunis suivant un angle obtus.

Depuis quelques jours, le maréchal envoyait régulièrement ses fourrageurs de plus en plus près de la frontière. Le 13, à trois heures de l’après-midi, toute l’armée se mit en mouvement, comme pour soutenir un plus grand fourrage ; mais, le soir venu, au lieu de rentrer au bivouac, elle s’arrêta sur place et passa la nuit, sans feux allumés, dans le plus grand silence. Le 14, à deux heures du matin, elle se remit en marche, passa l’Isly à gué et remonta la rive gauche, n’ayant devant elle que 5 ou 6 cavaliers marocains, qui se retiraient lentement en tiraillant sur les guides.

Le commandant de Martimprey marchait tout à fait en tête, ayant derrière lui l’étoile polaire. Tout à coup, il aperçut sur sa gauche le maréchal qui lui cria : « Êtes-vous sur de la direction, Martimprey ? — Oui, monsieur le maréchal. — Bonô !.. » Faite d’une voix de stentor, en prolongeant la dernière syllabe, à travers l’air sonore et calme du matin, cette réplique excita dans les premiers pelotons

  1. En ordre de marche, le 8e bataillon de chasseurs tenait la tête de l’avant-garde, ayant sur ses flancs en échelons, à droite le bataillon du 32e, à gauche le bataillon du 41e, entre les deux, le maréchal et l’état-major-général, suivis du bataillon du 53e, des pièces de campagne et d’une section de montagne. Le général de La Moricière marchait en tête avec le 8e bataillon de chasseurs. En arrière, à droite du 31e, venait toute la brigade Bedeau ; à gauche du 41e, toute la brigade Pélissier, chacune des deux sur une seule colonne ; dans l’intervalle marchaient les deux colonnes de cavalerie, flanquant elles-mêmes de part et d’autre la réserve d’artillerie, le train des équipages, les bagages des corps et le troupeau. L’arrière-garde avait deux de ses bataillons dans les traces respectives des colonnes d’infanterie, et le troisième sur la ligne du centre en arrière, fermant le système, — Pour passer de l’ordre de marche à l’ordre de combat, l’avant-garde conservait sa formation ; le premier bataillon de chaque colonne restait également à sa place ; les autres s’échelonnaient successivement en dehors et à soixante pas chacun du précédent, sauf le dernier, qui s’échelonnait en dedans, de manière à se relier avec les bataillons d’arrière-garde.