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trop prolongé dans un hôtel ouvert à tout venant, M. Le Myre de Vilers insista auprès du sous-secrétaire d’état aux colonies pour qu’ils fussent installés dans un hôtel privé, éloigné du bruit et des distractions dangereuses. Le choix se porta sur un immeuble de la rue Ampère ; par sa proximité du Parc Monceau et du Bois de Boulogne, par sa situation dans un quartier paisible, d’accès facile (cette dernière condition était indispensable, étant donné le genre d’existence auquel nos hôtes allaient être soumis), il offrait les conditions souhaitées.

La question d’installation une fois réglée à la satisfaction de nos jeunes protégés, il y avait lieu d’arrêter les bases d’un enseignement en rapport avec la grandeur des résultats à obtenir.

Le programme adopté, de concert avec un comité d’organisation dans lequel nous relevons les noms de MM. Fuchs, ingénieur en chef des mines, Foncin, inspecteur-général de l’Université, consiste à agir sur ces esprits déliés par des procédés aimables, mais toujours d’une façon pratique. Arriver à l’intelligence par les yeux, tel est le principe qui domine la méthode suivie dans l’établissement de la rue Ampère. Le premier soin de la direction a été de couvrir les murs de la salle de classe de cartons empruntés à des collectons d’histoire naturelle, d’art industriel, de sciences appliquées, etc. Dans toute la maison, elle a répandu à profusion des cartes géographiques, des images de toute sorte, des photographies, des journaux illustrés.

Elle a pensé que la vue des merveilles dont notre France, et particulièrement la capitale, est ornée, serait de nature à éveiller chez ces jeunes gens une admiration qui tournerait certainement à notre avantage. Aussi les promenades instructives (visite ou étude de nos ateliers, de nos usines et manufactures, de nos musées), le théâtre, les réunions mondaines, les voyages dans les départemens, voire même à l’étranger, tiennent-ils une grande place dans l’enseignement[1]. »

  1. Comme complément de leur première année d’études, on a organisé à leur intention un voyage de vacances dans l’Est. Le 17 août 1886, ils prenaient, en compagnie de leur directeur et de leur professeur surveillant, le train à destination de la Suisse. Les Jeunes Cambodgiens ont ainsi visité Baie, Zurich, Lucarne et Berne-puis ils sont rentrés en France, et ils ont successivement fait halte à Belfort, Montbéliard, Besançon, Vesoul, Chaumont, Clairvaux et Troyes.
    Le succès du voyage accompli l’année précédente devait amener la direction à profiter des vacances de 1887 pour faire une grande excursion de quarante-six jours dans le centre minier et métallurgique de la France (le Creusot, Saint-Etienne, Lyon,) en Savoie et dans la Suisse romande. Le retour s’est effectué par Dijon et Fontainebleau, où les jeunes voyageurs ont fait un séjour de huit jours pour explorer la forêt et visiter le palais.