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600 chevaux, 3 pièces de campagne et 3 de montagne. Elle se mit en marche le 26 février. Le lieutenant-colonel Bouscaren, des spahis, l’éclairait d’un côté, de l’autre le lieutenant-colonel de Mac-Mahon, de la légion étrangère. Le 29, elle atteignit El-Kantara, dont le défilé avait été reconnu et rendu praticable par les soins du duc de Montpensier, commandant de l’artillerie. Quatre jours de marche conduisirent le duc d’Aumale à l’oasis de Biskra. Mohammed-bel-Hadj l’avait évacuée à l’approche de la colonne et s’était retiré dans l’Aurès, mais la population avait refusé d’émigrer avec lui. Le prince resta dix jours dans le Zab, occupé à faire reconnaître et à consolider l’autorité de Ben-Ganah, le cheikh-el-Arab, à fixer le taux des contributions, à donner des instructions pour assurer la sécurité des caravanes entre le désert et le Tell. La garde de Biskra fut confiée au commandant Thomas, des tirailleurs indigènes, avec 300 hommes de son bataillon. Le kaïd de la ville fut autorisé à entretenir un petit maghzen de 50 cavaliers, choisis parmi les tribus sahariennes.

Du village de Mchounèche, situé à 8 lieues nord-est de Biskra, au pied du Djebel-Ahmar-Khaddou, Mohammed-bel-Hadj observait la colonne française; le duc d’Aumale résolut de l’y aller chercher. Il commença par renvoyer l’artillerie de campagne sous l’escorte d’un bataillon et de 200 chevaux, qui devaient former la garnison de Batna. Le Djebel-Ahmar-Khaddou est une de ces arêtes qui, courant parallèlement du sud-ouest au nord-est, constituent le massif de l’Aurès. On ne pouvait arriver à Mchounèche que par un vallon étroit et difficile. Perché sur le roc et solidement retranché, le village avait pour avancées trois redoutes ou fortins. La guerre sainte, prèchée dans la montagne, avait fait accourir à la défense de la position 2,000 ou 3,000 Kabyles. Le 12 mars, une première reconnaissance fut faite ; elle débarrassa le vallon des postes qui l’occupaient. Le 15, la colonne agissante, composée de 1,200 hommes d’infanterie, de 400 chevaux et d’une section d’obusiers de montagne, commença l’attaque.

Voici textuellement le rapport du duc d’Aumale : « Arrivés devant Mchounèche, nous vîmes toutes les hauteurs chargées de monde, et de grandes clameurs s’élevèrent de toutes parts. Notre convoi se masse sur un plateau, où il reste gardé par quelques compagnies; le reste de l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie se massent pour l’attaque. La position ouest est enlevée au pas de course par le bataillon du 2e de ligne. J’y envoie la section de montagne, qui lance des obus dans l’oasis et sur les groupes nombreux qui occupent les hauteurs à l’est du village ; ces mamelons sont bientôt emportés par trois compagnies de tirailleurs indigènes, commandées par le