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grande mosquée m’en ouvrirent à deux battans les portes; mais je m’arrêtai sur le seuil, voulant respecter les mœurs religieuses du pays. Le soir, je reçus une députation des gens de Bekaria, ville située à 2 lieues 1/2 au sud-est de Tebessa. Leur iman, avec les drapeaux de la mosquée, venait m’offrir leur soumission, et comme symbole de leurs bonnes dispositions, il m’apportait du miel et des gazelles, le mets le plus doux et l’animal le plus pacifique de ces contrées. »

Après avoir autorisé, sur la demande des Nemencha, la levée d’une sorte de maghzen chargé de maintenir la paix entre les tribus et de protéger particulièrement Tebessa, le général venait de reprendre, le 3 juin, la direction du nord, quand, au passage de l’Oued-Chabro, la colonne fut insultée par quelques centaines de Hanencha dissidens, qu’il ne lut pas difficile de mettre en déroute. C’était l’avant-garde du fameux cheikh El-Hasnaoui, qui se présenta lui-même, trois jours après, avec le gros de ses forces, mais pour recevoir une correction encore plus sérieuse. Après avoir donné quelque repos à ses troupes en attendant un convoi de Constantine, le général de Négrier se porta sur un autre théâtre de guerre, chez les Zerdeza, les alliés et fauteurs de Si-Zerdoud ; mais sa seule approche avait fait tout fuir, et, ne trouvant personne à combattre, il rentra, le 17 juin, à Constantine. Le général Levasseur, qui opéra, quinze jours plus tard, dans le cercle de Philippeville, n’eut pas une meilleure fortune ; devant lui également les Kabyles se dérobèrent, abandonnant maisons et moissons, qui furent livrées aux flammes.


II.

Au mois de décembre 1842, le général Baraguey d’Hilliers, toujours protégé par le gouverneur et rentré en grâce, succéda au général de Négrier dans le commandement de la province de Constantine. L’état des affaires laissait beaucoup à dire: au nord, Si-Zerdoud, entre Collo et Bône; à l’est, El-Hasnaoui, chez les Hanencha; au sud, Ahmed, dans l’Aurès; plus au sud encore, Mohammed-bel-Hadjau nom d’Abd-el-Kader, dans le Zab, chacun pour sa part tenait en échec l’autorité française. Les instructions de Baraguev d’Hilliers lui prescrivaient d’agir d’abord contre Si-Zerdoud. Le 13 février 1843, quatre colonnes, sorties de Bône, de Philippeville, de Constantine et de Ghelma, attaquèrent par quatre côtés à la fois les montagnes des Zerdeza. Devant ce concert de forces agissantes, la résistance fut à peu près nulle et les Zerdeza se soumirent. Expulsé