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catholique sur les matières de controverse. Pour les deux éditions de 1670, M. Le Petit, qui a eu « la satisfaction » de rédiger le catalogue Potier, aurait bien dû nous apprendre si, comme il y est dit, ces deux éditions ne sont que deux, ou sont quatre sous cette date. Il semble d’ailleurs aujourd’hui certain que l’édition en 365 pages est la bonne. Mais il importait de noter, — et c’est ce que nous avons appris l’an dernier par le Bulletin de la librairie Morgand, auquel M. Le Petit eût bien fait de se référer, — que l’édition en 334 pages en a en réalité 358, soit seulement sept de moins, et non pas trente et une, comme on le croyait, que l’édition en 365 pages. La question étant de savoir la raison des suppressions qui distinguent l’une de l’autre les deux éditions de 1670, si de trente et une pages le total s’en trouve réduit à sept, cela n’est indifférent ni à la manière dont Port-Royal a compris ses devoirs d’éditeur, ni à la façon dont les autorités ecclésiastiques accueillirent le livre des Pensées, ni à une connaissance plus précise de l’effet qu’elles produisirent. M. Le Petit aura-t-il craint, s’il avait collationné les deux éditions, de paraître excéder les droits du bibliographe ?

C’est Molière, comme dans tous les catalogues de ce genre, qui tient la plus large place dans le volume de M. Le Petit, — quatre-vingts pages à lui tout seul. Et nous ne nous en plaignons pas ; au contraire ! mais nous eussions voulu que M. Le Petit se souvînt toutefois des propres paroles de M. Adolphe Régnier, dans l’Avant-Propos de la belle édition de Molière, donnée par l’Imprimerie nationale en 1878. En ce temps-là encore, pour le dire en passant, quand l’Imprimerie nationale voulait envoyer aux expositions un chef-d’œuvre de sa typographie, ce n’était point les œuvres de son directeur qu’elle choisissait, c’était celles de Molière. « À voir les éditions originales de Molière, disait donc M. Régnier dans son Avant-Propos, à les comparer entre elles, on peut dire qu’il a, en quelque sorte, laissé la bride sur le cou à ses imprimeurs. Elles sont la plupart fort incorrectes, et le sont chacune à sa manière, diversement, capricieusement. Il me paraît certain que Molière n’y a pas regardé, ou n’y a regardé que bien en gros, et que prote et correcteur n’y regardaient pas non plus de bien près. » Voilà qui ne laisse pas de discréditer un peu les « éditions originales » de Molière ; et le scrupule de M. Le Petit à les décrire toutes, sans même excepter celle du Remerciement au Roy et de la Gloire du Val-de-Grâce, en paraîtra peut-être excessif. Si pour fixer, en effet, le texte de Molière, il faut bien qu’un éditeur y recoure, ici du moins quelques descriptions et quelques fac-simile pouvaient suffire. Les opinions de M. Le Petit sur Molière s’espacent aussi peut-être un peu complaisamment dans ces quatre-vingts pages. Mais un homme qui par le si bien de Pascal ne pouvait laisser passer une bonne occasion de s’expliquer sur Tartufe, et de dire vertement leur fait aux « fanatiques d’hypocrisie. »

Nous aurions encore aimé, puisqu’il la décrit aussi, qu’il discutât