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étant, nous avons extrait la citoyenne Custine et l’avons conduite dans sa maison, accompagnés du citoyen Houreau, membre du comité révolutionnaire de la section, et avons monté au deuxième étage pour faire perquisition.

« Signé : SABRAN-CUSTINE ; MARTINEAU, président ; PHILIDOR, secrétaire ; TOUPIOLLE, THOMAS, FAGUET, GERÔME, commissaires. »


Le portefeuille caché sous le canapé allait être découvert.

Le 21 prairial an II, une première perquisition avait été faite ; le procès-verbal constate que les membres du comité ont trouvé[1] « des actes de comédie historique, le tout contraire aux principes de la révolution. »

« Avons présenté la neuvième pièce signée Elzéar, et avons interpellé la citoyenne Custine de nous dire quelle était cette personne, a répondu ne pas connaître l’écriture ni la signature. »

C’était la tragédie d’Annibal, que son frère avait composée à l’âge de quinze ans, et que la section jugeait contraire aux principes de l’égalité. La pauvre Delphine ne voulut pas reconnaître les vers d’Elzéar et le compromettre.

Mais le 30 floréal, ce fut plus grave. Le comité révolutionnaire de la section de Bondy s’émeut de la perquisition du 29. Une foule de lettres, papiers, renseignemens ont été trouvés dans un lieu particulier qui avait échappé aux recherches. Une délibération est prise : « Considérant que, dans ces papiers, il peut s’y trouver des lettres et des renseignemens qui pourraient donner le fil d’une correspondance entre les citoyens Chateaubriand, Rosambo et autres qui ont été frappés par la loi ; qu’au nombre des pièces trouvées ledit jour 29 floréal, il s’en trouve qui sont contrerévolutionnaires, arrête :


« Que les citoyens Martineau et Chevallier se transporteront au comité de sûreté générale pour obtenir de lui l’ordre de retirer au département, sous récépissé, la boîte contenant différens papiers trouvés dans l’appartement de la citoyenne Custine, pour être autorisés à faire le dépouillement desdits papiers en sa présence, lui faire toutes interpellations et recevoir tous dires et déclarations pour découvrir les conspirateurs et les livrer au fer vengeur des lois.

« Fait au comité, le jour et an que dessus.

« Signé : MARTINEAU, TOUPIOLLE, CHEVALLIER, GERÔME, GILLET, commissaires. »

  1. Archives nationales, section administrative.