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limite. On a parcouru, pour les composer, tout le cercle des connaissances humaines dans le domaine des lettres, des sciences et des arts. Est-il besoin de faire remarquer combien il est illusoire de chercher à faire entrer dans des cerveaux de cet âge un ensemble de notions que la vie entière de l’homme le plus intelligent suffirait à peine à acquérir? Aussi n’en retiennent-elles que la nomenclature, et ces bribes de savoir, entassées pêle-mêle dans ces petites têtes, y forment le plus singulier amalgame qui se puisse concevoir.

On aurait été, à mon avis, beaucoup plus utile aux jeunes filles des classes laborieuses en donnant à leur éducation un caractère plus pratique, en s’attachant à développer pour elles l’enseignement professionnel, qui n’existe encore que dans les grandes villes et n’y est qu’à l’état d’essai. C’est à Paris qu’il a pris le plus de développement, et il n’y remonte qu’a six ans. La première école professionnelle et ménagère y a été fondée en 1881 ; trois ans après, il en existait quatre, comprenant vingt-trois ateliers et recevant 466 élèves. Ces écoles sont destinées à fournir aux jeunes filles qui se destinent aux métiers manuels un enseignement technique approprié à la profession qu’elles veulent embrasser, et les connaissances nécessaires pour tenir un ménage avec ordre et économie. Elles sont divisées en six ateliers, répondant aux spécialités suivantes : lingerie, repassage, confection, corsets, fleurs artificielles, broderies pour costumes et ameublement. Quant à l’instruction ménagère, elle comprend la cuisine, la tenue d’une maison, le blanchissage et le repassage. On y a joint récemment un cours d’hygiène. Les jeunes filles entrent dans les écoles professionnelles entre treize et quinze ans ; elles n’y sont admises que munies d’un certificat d’études primaires; la durée de l’apprentissage est de deux ou trois ans. Les cours commencent le matin à huit heures et demie et finissent à cinq heures, avec deux intervalles, l’un d’une heure pour le déjeuner et la récréation, l’autre d’une demi-heure pour la gymnastique. Sur les sept heures et demie de travail, trois sont affectées aux cours primaires et quatre et demie aux ouvrages d’atelier.

L’éducation professionnelle comprend également les cours spéciaux d’enseignement commercial que la ville de Paris a institués en 1881. Ils ont pour objet de permettre, aux jeunes gens des deux sexes qui ont terminé leurs études primaires, d’acquérir les connaissances indispensables à toute personne qui veut se livrer au commerce. Ces cours ont lieu de huit à dix heures du soir. Des certificats sont délivrés chaque année, après examen public, aux élèves qui les ont suivis avec succès. 850 jeunes filles y ont assisté