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ils ne doivent pas oublier que la vie d’atelier qu’il faut mener pour arriver à un résultat sérieux est essentiellement malsaine, en raison de la température élevée des ateliers et de l’odeur de peinture qu’on y respire.

Je n’ai pas parlé de la danse, parce que ce n’est plus ni un exercice ni un art d’agrément. C’est à peine si on l’enseigne aujourd’hui. Le maître à danser a disparu, comme son rival, le maître de philosophie. On en rencontre pourtant encore quelques spécimens. Ce sont, en général, des septuagénaires qui ont conservé les bons principes et l’élégance un peu maniérée du commencement du siècle. Ils apprennent aux jeunes gens des deux sexes à saluer avec grâce, à marcher, à tourner en mesure, suivant qu’il s’agit de la contredanse, de la valse ou de la polka. Les plus hardis novateurs montrent même aujourd’hui le menuet et la pavane; mais cela ne tire pas à conséquence, et l’art de la danse a vécu. Je n’en aurais même pas parlé, si cet exercice ne soulevait pas une grave question d’hygiène. Il est certain que les bals et les soirées dansantes sont des distractions aussi peu convenables pour la santé que pour le moral des jeunes filles. Les nuits passées dans cette atmosphère brûlante, saturée de vapeur d’eau, d’acide carbonique et de parfums, sont chose détestable a tous les points de vue. Je ne par le ni du danger que font courir les refroidissemens contractés à la sortie, ni de la tenue que la mode impose à ces pauvres enfans ainsi qu’à leurs mères.

Ici encore, on est obligé de faire des concessions aux habitudes du monde dans lequel on vit. Une jeune fille qui refuserait de fréquenter les soirées et les théâtres serait immédiatement classée parmi les futures religieuses, et celle qui aurai! le courage de se rendre à ces réunions dans une toilette absolument différente de celle de ses amies se couvrirait de ridicule. En cela, comme pour tout le reste, il faut savoir se conformer aux coutumes de son milieu, tout en lui faisant le moins de concessions possible, et suivre la mode de très loin, puisqu’il n’est pas possible de s’y soustraire tout à fait.

Il me semble indispensable de rompre sur un autre point avec les coutumes établies. Dans les classes aisées, il n’est guère de jeune fille qui ne consacre une couple d’heures par jour à l’étude du piano; mais, c’est triste à dire, il n’en est qu’un très petit nombre qui s’occupent un peu sérieusement des soins du ménage : aussi, lorsqu’elles se marient, il leur faut passer par un apprentissage pénible et dispendieux pour-s’initier aux mille détails qu’il comporte. C’est une lacune que toutes les mères devraient s’attacher à combler. Il serait si simple pour elles de s’adjoindre leurs