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le jeudi 12, a rasséréné quelque peu la physionomie générale de la place en accusant l’abondance croissante des capitaux en quête d’emploi. On attendait, en outre, une déclaration solennelle du tsar en faveur de la paix, à l’occasion des réceptions du nouvel an russe, 1/13 janvier. Des rumeurs encore vagues, touchant une entente des puissances pour la réunion d’une conférence, ont fait naître l’espoir que les nuages amoncelés sur l’horizon politique à la fin de 1887 allaient encore une fois se dissiper.

Le Hongrois reste à 77.50, ce qui équivaut, coupon détaché, au dernier cours de compensation 79.50. Les fonds russes, après quelques oscillations, se retrouvent également à peu près aux cours du 2 janvier. L’Italien a reculé de fr. 35 à 9k.il. Les retards apportés par M. Crispi au règlement de l’incident du consulat de Florence ont inquiété quelques acheteurs. On s’est étonné de cette mauvaise grâce à réparer un oubli accidentel des convenances diplomatiques, en un moment où le gouvernement italien, engagé si sérieusement dans l’entreprise onéreuse de Massaouah, aurait intérêt à ne se créer aucun embarras avec une puissance voisine.

Cette entreprise même de Massaouah, commencée pour la satisfaction de visées coloniales mal déterminées et soutenue par point d’honneur, cause de très vives préoccupations aux amis de la prospérité des finances italiennes, à cause des sacrifices qu’elle devra fatalement entraîner. On n’a pas oublié que l’Angleterre jadis dut dépenser un demi-milliard de francs pour se venger des Abyssins et se retirer ensuite. L’Italie n’aura peut-être pas à aller aussi loin dans la dépense, mais la brèche faite au trésor n’en sera pas moins profonde. Le royaume italien n’est pas encore de force, comme l’Angleterre, à supporter allègrement une telle charge.

En dépit de la complexité toujours aussi grande des affaires de Bulgarie et de la détresse du trésor ottoman, les valeurs turques sont l’objet d’efforts continus en vue d’une petite amélioration. On tient le Consolidé 4 pour 100 à 14.l2 et la Banque ottomane à 508. Les rentes espagnole et portugaise sont au grand calme, à 66 1/2 et 56 3/4. L’Unifiée n’a pas souffert de l’incident boursier de cette quinzaine, bien que le spéculateur malheureux, qui avait vendu à découvert tant d’actions de Rio-Tinto, fût acheteur d’un stock fort important de titres de la dette générale d’Egypte.

Les affaires en titres de sociétés de crédit, et généralement en toutes valeurs, ont été très étroitement limitées.

L’action de la Banque seule présente une large différence de cours, 110 francs en baisse à 4,090. Des acheteurs à terme de ce titre si lourd se sont lassés d’attendre une reprise d’affaires qui tarde bien à venir et une élévation de l’escompte de plus en plus improbable.