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La moelle de certains arbres, le fruit de l’arbre à pain, le bananier forment avec le poisson et les tortues, la base de leur nourriture. Le bambou leur fournit les matériaux nécessaires pour construire leurs habitations et les rares meubles dont ils font usage Presque toujours nus, ils ne portent de pagnes que dans les grandes occasions. Ces pagnes, fabriqués avec les fibres d’une herbe longue et souple, sont soyeux et teints avec goût; ils rappellent par leur tissu fin et léger, les étoffes confectionnées en Chine avec les fils des feuilles d’ananas. Leur costume ordinaire se compose d’une étroite ceinture en écorce de bananier. Les femmes la portent un peu plus large que les hommes; elles y ajoutent par derrière une sorte de coussin épais et pendant qui rappelle les tournures féminines de nos modes actuelles, et qui leur permet de s’asseoir où elles se trouvent. Ce coussin, qui leur bat les jambes, leur donne un aspect bizarre et Tine démarche grotesque. Cette mode adoptée dans l’île d’Oualan n’est cependant pas répandue dans tout l’archipel.

M Auguste Goûts nous fait des habitans du groupe d’Hogolou un portrait qui, sauf quelques modifications peu importantes, s’applique à la plupart des indigènes des Carolines : « Les hommes dit-il, sont de haute stature, bien proportionnés, musculeux et actifs; leur poitrine est large et saillante, leurs membres bien tournes, leurs pieds et leurs mains petits; leurs cheveux sont beaux et bien frisés, sans être semblables à ceux des Africains. Leur front est haut et droit, les pommettes saillantes, le nez bien dessiné et les lèvres assez minces. Ils ont les dents belles et blanches, le menton large, le cou court et épais. Les yeux sont noirs, vifs, brillans et perçans.. Les femmes sont petites, douées de jolis traits et d’un œil noir, étincelant, plein de tendresse et de volupté. Elles ont la gorge arrondie et bien fournie, la taille élancée, les attaches fines et les extrémités fort petites. » A douze ans, elles sont nubiles. Le révérend L.-H. Gulick, fils d’un missionnaire américain des îles Sandwich, missionnaire lui-même aux îles Carolines, où il a passé huit années, nous fait des naturelles de file Ponapi une description aussi flatteuse : « La plupart, dit-il, ont le teint d’une couleur olive claire, rarement plus foncé que celui de nos brunes foncées. Cette couleur est encore rehaussée par une application journalière de jus de turmeric ‘curcuma) qui, avec les tresses longues et couleur de jais de leurs cheveux élégamment noués et retenus par une guirlande de fleurs, complète le beau idéal de la nymphe de Ponapi[1].

De l’étude de leurs traditions religieuses, il semblerait résulter que ces insulaires ont eu, dans des temps reculés, des rapports avec les Japonais. On retrouve, en effet, chez eux, certaines pratiques religieuses

  1. Vivien de Saint-Martin, Nouveau dictionnaire de Géographie universelle.