Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 85.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Attaf, les Beni-Boudouane, les Beni-bou-Khennous, les Sendja, es Beni-bou-Slimane ; plus à l’ouest, les Sbéa, les Beni-Ouragh les Keraïch ; enfin, sur la lisière occidentale, la grande confédération des Fitta. Au nord du Chélif, le Dahra, qui n’est qu’une annexe de l’Ouarensenis, est habité, depuis les Beni-Menacer a l’est par Zatima, les Braz, les Beni-Hidja, les Sbéa du nord, les Achacha, les Cheurfa, les Ouled-Ria, les Beni-Zerouel.

Pendant que les 8,000 hommes de toutes armes qui devaient constituer le corps expéditionnaire s’acheminaient vers Miliana, le duc d’Aumale, revenu le 19 novembre en Afrique, avec le grade de maréchal de camp, prenait en passant possession du commandement de Médéa, et rejoignait en hâte les troupes d’infanterie qu’il devait commander sous les ordres directs du gênerai Bugeaud Ces troupes, d’un effectif de 2,640 baïonnettes, de 300 chasseurs d’Afrique et spahis, formaient la colonne de droite ; la colonne du centre, aux ordres de Changarnier, comprenait l,840 hommes d’infanterie, 130 chasseurs et spahis ; la colonne de gauche commandée par le colonel Korte, du 1er régiment de chasseurs d’Afrique, comptait 2,110 hommes de pied et 600 chevaux. Quatre sections d’artillerie de montagne marchaient avec les colonnes.

Le 25 novembre, celles-ci se séparèrent pour agir isolement; un rendez-vous commun leur était donné sur l’Oued-Kchab, à l’ouest du grand pic de l’Ouarensenis. La colonne Korte devait remonter la vallée de l’Oued-Deurdeur, passer chez les Ayad et contourner le massif par le sud; les vallées de l’Oued-Rouina et de 1 Oued-Fodda étaient les routes assignées, la première à la colonne Changarnier, la seconde à celle du gouverneur. Comme l’approvisionnement porte par les mulets n’était que de vingt jours, le général Bugeaud s’était fait accompagner d’un détachement de la garnison de Miliana, qui établit à Souk-el-Tenin, sur l’Oued-Fodda, une redoute provisoire, uniquement formée de caisses à biscuit. Ce fut le premier de ces dépôts improvisés, distincts des postes-magasins, et qui reçurent du troupier le nom de biscuit-ville.

Sans entrer dans un détail qui aurait peu d’intérêt, il est permis de dire en gros que les trois colonnes reçurent dix fois plus de soumissions que de coups de fusil; mais cette placidité de gens dont la réputation était loin d’être pacifique parut suspecte au gouverneur. Pour éclaircir son doute, il régla le plan d’une seconde série d’opérations qui devaient aboutir plus à l’ouest, au khamis des Beni-Ouragh sur l’Oued-Riou. La première colonne alla d’abord se ravitailler à Souk-el-Tenin, puis elle gagna sans peine le nouveau rendez-vous ; elle y trouva, le 9 décembre, la colonne Changarnier établie depuis la veille, après une marche aussi peu disputée. Restait