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que leurs pertes avaient été considérables. Le 23, une razzia faite sur les troupeaux des plus rapprochées acheva de les abattre. Quant à Ben-Allal, il s’était mis en retraite. Changarnier suivit sa trace jusqu’à Teniet-el-Had, revint sur Miliana par la vallée de l’Oued-Deurdeur et rentra, le 2 octobre, à Blida. Le 9, il eut la satisfaction de gagner Médéa par la route pratiquée dans la gorge de la Chiffa.

Le 12 à la tête d’une petite colonne de moins de 1,500 hommes, il quitta la capitale du Titteri pour visiter le sud-est du beylik, où l’uniforme français n’avait pas encore paru. Ce ne fut qu’une promenade militaire, agrémentée par le voisinage des lions qu’on entendait la nuit rugir dans les fourrés du Djebel-Dira.

Pendant ce temps-là, Ben-Allal avait reparu, toujours menaçant au voisinage des Ayad. En l’absence de Changarnier, ce fut le lieutenant-colonel de Saint-Arnaud qui s’empressa d’accourir au nouvel appel d’Ameur-ben-Ferhat. Le khalifa d’Abd-el-Kader n’attendit pas plus que la première fois l’approche des Français, et la preuve fut faite derechef que les tribus soumises pouvaient toujours compter sur leur aide. D’autre part, la preuve n’était pas moins faite que les soumissions, dans ces contrées montagneuses, n’avaient pas toute la solidité désirable ; aussi le général Bugeaud était-il depuis longtemps convaincu de la nécessité d’y faire une grande expédition ; mais avant de s’éloigner dans l’ouest, il avait jugé prudent d’achever dans la ceinture orientale de la Metidja l’œuvre de soumission heureusement accomplie au sud.

Depuis la suppression du camp du Fondouk, il est certain que la sécurité n’était plus aussi grande à l’est de la plaine, et que l’influence de Ben-Salem, khalifa du Sebaou pour Abd-el-Kader, avait fait des progrès inquiétans dans l’outhane de Khachna. Il était urgent de la refouler, non seulement au-delà du Boudouaou, mais bien plus loin, jusque dans le pays des Kabyles. Le corps expéditionnaire assemblé, le 29 septembre, à la Maison-Carrée, comprenait 4,200 baïonnettes, 450 chevaux, une batterie de montagne. Le général Bugeaud en prit le commandement et se porta, le 2 octobre, sur l’Isser. Le 5, les hostilités commencèrent sérieusement ; il y eut un combat d’arrière-garde où fut tué le colonel Leblond, du 48e. ce jour-là, un chef d’une grande importance, Mahi-ed-Dine, ancien agha de Ben-Salem, se présenta au gouverneur. Il avait déjà fait sa soumission entre les mains du colonel Comman, à Médéa, mais on ne l’avait pas vu dans la grande cérémonie d’investiture à Alger. Sa démarche eut de grands résultats : trois tribus demandèrent l’aman.

De la vallée de l’Isser, le général Bugeaud passa dans celle de