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l’intégralité de leur souscription. Au moment du dépôt des titres à convertir, il sera payé 18 francs par 3 francs de rente. Le solde de 62 fr. 10 sera versé en deux fois, 30 francs le 1er avril 1888 et 32 fr.10 le 1er juillet 1888. Malgré ce fractionnement, les souscripteurs n’en recevront pas moins le montant intégral des deux coupons trimestriels payables le 1er avril et 1er juillet 1888, ce qui diminue d’environ 0 fr. 85 le prix auquel leur est concédée la rente, et le ramène à 79 fr. 25 pour la partie souscrite complémentaire.

Il est bien certain que ces avantages n’ont de réalité qu’à la condition que les rentes se maintiennent au moins aux environs des cours actuels 80 fr. 70 pour le 3 pour 100 et 101 francs pour le 4 1/2 ancien. Une nouvelle baisse d’une unité rendrait la conversion plutôt onéreuse pour les porteurs, qui s’empresseraient de déposer leurs titres avec une demande de remboursement. L’état, qui s’est engagé en ce cas à rembourser au plus tard le 22 du mois prochain, se verrait dans une position très difficile, si ces demandes atteignaient un chiffre élevé. Il trouverait, à la vérité, à la Banque de France, tout le concours nécessaire, et les rentiers recevraient sans aucun retard le montant en capital de leurs rentes déposées, mais l’état garderait sur les bras la masse de titres en 3 pour 100 créée en vue de la conversion, et qui serait restée sans emploi. Qu’en ferait-il ? Qui la prendrait ? et à quel prix ? Ce serait un coup funeste porté au crédit de la France, et le marché aurait peine à faire bonne contenance.

Mais cette éventualité ne se réalisera pas. Il faudrait, pour que la rente 3 pour 100 tombât au-dessous de 80 et le 4 1/2 ancien au pair, que le pis que l’on puisse prévoir arrivât précisément du 14 au 23 novembre, la démission du président de la république, ainsi que la mort du prince héritier ou de l’empereur d’Allemagne, ou de tous les deux.

Ce qui est vraiment triste, au point de vue financier, dans ce qui se passe depuis la rentrée des chambres, c’est qu’au milieu de tant d’interpellations, de séances agitées, de votes d’ordres du jour pur et simple, d’enquêtes judiciaires ou parlementaires, on semble complètement oublier qu’il y a un budget à voter. Personne ne s’occupe ni ne parle de ce malheureux budget, et nous sommes déjà au milieu de novembre. Il est clair que tout le monde en a pris son parti, et que, cette année encore, on compte se tirer d’affaire en votant des douzièmes provisoires, expédient désastreux pour la bonne gestion des finances du pays, mais commode pour la législature.

Nos affaires intérieures n’ont pas été la seule cause de l’ébranlement qu’a subi notre marché. Les informations défavorables publiées sur l’état de santé de l’empereur d’Allemagne et du kronprinz ont tout d’abord provoqué des ventes nombreuses, à Vienne et à Berlin, sur toutes valeurs locales ou étrangères. De plus, la décision prise par la Banque de l’empire d’Allemagne de ne plus admettre les fonds russes