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LE
PHILOSOPHIE ET LES SCIENCES

Les lecteurs de la Revue se souviennent peut-être d’un article de M. Claude Bernard[1], qui a paru ici même, et un l’illustre savant, en parlant du progrès des sciences physiologiques, exposait quelques-unes de ses idées sur les rapports de la philosophie et des sciences. Nous ne discuterons pas ses théories de physiologie ; ce soin concerne ses émules et ses successeurs. Mais, sans empiéter sur un terrain qui ne nous appartient pas, nous pouvons, tout profanes que nous sommes, exprimer quelque étonnement de la méthode que Claude Bernard entendait appliquer à ses études favorites. Selon lui, « la science vitale » ne peut employer d’autres méthodes, ni avoir d’autres bases, que celles de la science minérale ; il n’y a aucune différence à établir entre les principes des sciences physiologiques et les principes des sciences physico-chimiques. Les conditions des fonctions Thalès et les conditions des actions minérales présentent un parallélisme complet et une relation directe et nécessaire. Pour les corps vivans aussi bien que pour les corps bruts, tout dépend du milieu où ils existent. Seulement, les animaux à sang chaud, l’homme par exemple, ont, outre le milieu ambiant, un milieu antérieur qui modifie, comme le fameux moule intérieur de Buffon, les matériaux qu’ils reçoivent du dehors.

  1. Claude Bernard, Du Progrès dans les sciences physiologiques. (Revue du 1er août 1865.)