Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 84.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et par 4 francs de rente 4 pour 100 ; 2° soit recevoir ce remboursement en rentes nouvelles 3 pour 100, calculées au cours qui sera ultérieurement fixé par décret (probablement 80 francs) ; 3° soit s’assurer le maintien de leurs arrérages actuels moyennant, d’une part, l’échange de leurs titres, comme dans le cas précédent, et, d’autre part, le paiement du supplément de rentes 3 pour 100 destiné à parfaire leur ancien revenu, paiement qui sera échelonné de façon à donner aux souscripteurs toutes facilités pour se libérer.

Le produit de l’opération sera de 150 à 160 millions, alors que le montant des crédits à ouvrir au budget extraordinaire de 1888 (guerre et marine) est seulement de 100 millions. Le surplus restera disponible, et M. Rouvier propose de l’appliquer au budget extraordinaire de 1889. La commission financière de la chambre a adopté à l’unanimité la proposition de conversion, mais en réduisant à 2 millions les frais de l’opération, que M. Rouvier avait portés d’abord à 4 millions.

La conversion ne pourrait être une cause de baisse sur les rente » que si l’on pouvait redouter de la voir provoquer la venue d’un grand nombre d’inscriptions sur le marché. Mais, d’une part, les fonds à convertir sont admirablement classés ; les intéressés accepteront en très grande majorité la réduction de revenu et garderont en portefeuille leurs nouveaux titres. D’autre part, l’emprunt ne porte que sur un capital de 155 millions, soit environ 6 millions de rente ; et il est certain que la plus grande partie en sera prise par les détenteurs des anciens fonds, usant du privilège de préemption qui leur est réservé.

Les fonds étrangers sont, pour la plupart, en reprise. A Londres, malgré les manifestations tumultueuses des ouvriers sans travail, les Consolidés ont dépassé le cours de 103. Des deux côtés de la Manche, l’opinion publique a fait un excellent accueil à l’heureuse conclusion des négociations engagées entre l’Angleterre et la France pour la neutralisation du canal de Suez. Le 24 courant ont été signées, au ministère des affaires étrangères, les conventions qui établissent la neutralité du Canal et l’abandon des postes occupés par nos troupes dans les Nouvelles-Hébrides, en retour de la reconnaissance par l’Angleterre de notre protectorat sur les Iles-sous-le-Vent, voisines de nos possessions à Taïti.

La signature de ces conventions et les déclarations pacifiques faites à Turin par M. Crispi au sujet de sa visite à Friedrichsruhe auraient, selon toute vraisemblance, déterminé un mouvement de reprise sur nos fonds publics, si les préoccupations d’ordre intérieur n’eussent rendu la spéculation, sinon inquiète, du moins circonspecte.

Le bruit d’un échec des Italiens à Massaouah a été répandu à