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partie du clergé semblait le mal préparer au rôle d’instituteur. Cette objection, il est vrai, ne saurait s’étendre à un enseignement tout à fait élémentaire ; il dépend du clergé et des écoles ecclésiastiques de l’écarter entièrement. Pour cela, on a déjà fait à la pédagogie une place dans certains séminaires; on a institué près de quelques-uns des écoles primaires modèles. Ailleurs, dans le diocèse de Nijni, par exemple, on a récemment (1887) créé des écoles normales ecclésiastiques. Quant au temps enlevé à l’église par l’école, le prêtre est moins l’instituteur que le directeur des nouvelles écoles paroissiales. L’évêque peut, en cas de besoin, lui substituer une autre personne. Le pope peut se faire aider ou suppléer dans son école par le diacre, ou par les clercs inférieurs, les serviteurs de l’église (taerkovno-sloujitéli). L’on a proposé d’y employer spécialement les diacres ou les psalmistes, qui professeraient la semaine à l’école pour chanter le dimanche à l’église. Dans la pratique, ce serait à peu près la situation de nos anciens instituteurs qui échangeaient leur chaire pour le lutrin, avec cette différence que ces maîtres russes seraient eux-mêmes investis d’un caractère ecclésiastique. A défaut de diacre ou de psalmiste, le prêtre peut se faire aider par sa famille, par sa femme, par ses fils ou ses filles. Il y trouve une modeste rémunération.

L’enseignement, dit le règlement de 1884, est à la charge des prêtres ou autres membres du clergé. Il peut aussi être confié à d’autres maîtres ou maîtresses, mais toujours sous la surveillance du prêtre et avec l’autorisation de l’autorité diocésaine. Les maîtres doivent être pris de préférence parmi les anciens élèves des écoles ecclésiastiques. Le principe de la subordination de l’école à l’église a été ainsi poussé à ses dernières conséquences. On chercherait en vain, dans aucun pays de l’Europe, un système scolaire aussi délibérément « clérical. » Ces écoles paroissiales relèvent directement de l’autorité épiscopale; elles ne peuvent être fondées, ni fermées, ni transférées à une administration civile qu’avec l’autorisation de l’évêque. Chaque diocèse a son conseil scolaire, en majorité composé d’ecclésiastiques. Chaque évêque a ses inspecteurs diocésains nommés par lui, ses prêtres inspecteurs; il est vrai que ses écoles restent en outre soumises à l’inspection scolaire laïque.

L’école paroissiale étant une succursale de l’église, la direction générale de l’enseignement est réservée au saint-synode. C’est le saint-synode qui rédige les programmes, et ce que ces programmes mettent en première ligne, c’est l’histoire sainte, le catéchisme, les prières, le chant d’église. La lecture, l’écriture, les élémens de l’arithmétique (telle est d’ordinaire toute la sphère de cet humble enseignement) ne viennent qu’au second rang. Dans les écoles à