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près qu’il m’est possible, suivant le mémoire que M. de Contades aura l’honneur de vous remettre de ma part, vous persuaderont, monsieur, bien efficacement, de la droiture et sincérité des intentions de Sa Majesté impériale pour la paix et du désir ardent que j’ai, en mon particulier, de contribuer à ce qu’elle soit consolidée au plus tôt.

Dans cette confiance et me reposant entièrement que l’on pourra finir sur-le-champ et sans avoir besoin d’attendre de nouveaux courriers, je partirai dimanche d’ici pour me trouver mardi, 27 de ce mois, après-midi, au château de Rastadt, où je compte que nous mettrons, en peu de jours, la dernière main à ce grand ouvrage…


Le prince avait ajouté ce post-scriptum autographe :


J’espère de vous embrasser bientôt, monsieur, et vous saurez, par M. de Contades, que je n’ai pas balancé à aller aussi loin qu’il m’a été possible.


Ce message fut reçu par Villars avec une immense satisfaction ; néanmoins, instruit par l’expérience de ses premières déceptions, il s’empressa de transmettre le mémoire d’Eugène au roi, et de lui demander son adhésion à la suppression demandée ; il ne doutait d’ailleurs pas de son consentement. La paix était faite cette fois, il n’y avait plus à en douter. Sa joie était sans bornes ; il ne put s’empêcher de l’exprimer au prince Eugène, tout en faisant pour l’acquit de sa conscience quelques réserves de pure forme.


Strasbourg, le 25 février 1714.

Monsieur, vous serez aisément persuadé de la joie très sensible et très parfaite que j’ai de la très juste espérance que je dois concevoir de consommer un ouvrage aussi important et attendu de toute l’Europe avec une extrême impatience. J’en ai une au-dessus de toute expression d’avoir l’honneur de vous voir ; elle ne peut cependant m’empêcher d’avoir celui de vous dire que je n’ai nulle liberté sur le changement que vous désirez. Je fais partir dans ce moment un courrier pour la cour, lequel sera de retour au plus tard le sixième jour ; peut-être nous faudra-t-il ce temps pour mettre en latin tous ces articles. Je suis obligé à d’autant plus de circonspection que l’on a toujours trouvé que je m’avançais plus que je ne devais, bien que c’ait été plus par mes instances à notre cour que par m’être relâché sur rien.

Pour n’avoir pas le plus petit reproche à me faire, j’aurai l’honneur de vous dire, monsieur, que Sa Majesté n’a pu s’engager à ce que vous