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Versailles, le 23 décembre 1713.

Mon cousin, j’ai reçu par différens courriers vos lettres du 9, du 14 et du 16 de ce mois, et toutes, principalement la dernière, m’ont informé de l’inutilité des efforts que vous avez faits pour obtenir les conditions que je demandais en faveur de l’électeur de Bavière. Suivant le compte que vous me rendez, la négociation est présentement au point que vous pouvez signer la paix à condition que cet électeur et celui de Cologne seront généralement rétablis dans tous leurs états et dignités sans aucune exception et sans qu’il soit question d’observer de formalités injurieuses à l’un ou à l’autre, comme j’avais lieu de le croire par les termes du mémoire que vous m’aviez envoyé.

Je vois que Landau me sera cédé par le traité de paix ; que les fortifications du Fort-Louis subsisteront ; enfin que le traité de Ryswick sera rappelé et suivi dans tous ses points, mais aussi qu’il est impossible d’obtenir davantage, et qu’il faut ou signer à ces conditions, ou continuer la guerre, sans que personne en puisse prévoir la fin, non plus que les événemens.

Vous avez assez vu par mes dépêches précédentes, par les mémoires que je vous ai envoyés, et surtout par la révocation du pouvoir, que je vous avais laissé, de vous relâcher sur l’article de l’électeur de Bavière, combien j’avais à cœur de procurer à ce prince l’agrandissement et le dédommagement que j’avais toujours demandés pour lui. Il faut encore, pour m’obligera m’en désister, une considération aussi forte que celle du bien de mon royaume et du repos général de l’Europe. Mais enfin j’aime mieux céder à des motifs aussi pressans que de retarder davantage le rétablissement de la tranquillité publique.

J’ai longtemps combattu, et j’ai donné le loisir à l’électeur de Bavière de me représenter lui-même toutes ses raisons ; son état et la situation où il se trouvera après la paix m’ont vraiment touché, mais je dois être encore plus sensible à l’état de mes sujets ; ainsi je vous renvoie votre courrier que j’ai retenu plusieurs jours, et, après avoir mûrement délibéré sur une affaire aussi importante, je veux que vous signiez la paix aux conditions dont vous m’assurez que le prince Eugène conviendra, c’est-à-dire que les deux électeurs de Cologne et de Bavière seront généralement rétablis en vertu du traité dans tous leurs états, biens et dignités comme ils les possédaient avant la guerre ; que le traité de paix conclu à Ryswick sera rétabli ; qu’ainsi je demeurerai en possession de Landau, et que les fortifications du Fort-Louis subsisteront.

Quant aux autres articles, mes intentions vous ont été suffisamment expliquées par le mémoire que je vous envoyai le 7e de ce mois,