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cases de toilette ; au réfectoire, pour préparer le couvert ; à la classe, pour faire ranger les livres, serrer les cahiers et ramasser les paperasses ; au vestiaire, pour compter le linge et présider à la distribution des chapeaux, des manteaux, des parapluies. C’est encore un apprentissage, celui de l’ordre et de la discipline[1]. « La fondation Bischoffsheim, » pour être en sécurité sur sa propre valeur, a participé, en 1884, à l’exposition de Londres, et, en 1885, à l’exposition de la Nouvelle-Orléans ; à toutes les deux, elle a été jugée digne d’une récompense et a obtenu un diplôme d’honneur.

Les élèves parisiennes passent dans leur famille le temps des vacances scolaires ; il ne peut en être de même pour les élèves orientales, elles restent à l’école, mais l’âme généreuse des bienfaiteurs ne les a pas oubliées ; un fonds spécial est destiné à leur procurer les plaisirs compatibles à leur âge, des promenades hors de Paris et même des excursions plus lointaines pendant les mois où les écoliers et les écolières ont quitté les dortoirs des pensionnats. Sous les chênes de la forêt de Fontainebleau, dans les salles du musée de Versailles, regrettent-elles la prairie des eaux douces d’Europe, les jardins fruitiers de Damas, les bords du Nahr-ek-Kelb ? Je n’en serais pas étonné, car la nostalgie de l’Orient est une maladie tenace. Les jeunes filles ayant suivi, pendant trois années, les cours de l’école du boulevard Bourdon, trouvent facilement des conditions qui assurent leur existence. Le plus souvent elles n’ont nulle démarche à faire, nul déboire à supporter, car la direction reçoit plus de propositions d’emploi qu’elle n’a de titulaires ; fournir ; aussi choisit-on les familles et les patrons chez lesquels les élèves sont placées. On pourrait citer des ouvrières qui gagnent 6 francs par jour, et des institutrices, des comptables, dont les émolumens annuels dépassent 2,400 francs. Plusieurs d’entre elles sont parties pour l’étranger, d’autres ont ouvert une petite maison de commerce. La première mise de fonds manquait pour voyager ou pour s’établir ; l’argent s’est trouvé cependant et sans longues recherches, car la famille Bischoffsheim ne se tient pas quitte de maternité pour celles de ses pupilles qui ont terminé leur apprentissage. Elle n’a point non plus limité aux jeunes filles son action bienfaisante, car elle a consacré des sommes importantes aux garçons dont elle s’ingénie à préparer l’avenir. Cette fondation pourrait s’appeler l’œuvre des bourses scolaires. Tous les ans, une vingtaine de jeunes Israélites sont placés dans les lycées de Paris ; les

  1. Comme à l’orphelinat-refuge de Mme Coralie Cahen, des livrets de caisse d’épargne sont donnés, lors de la distribution des prix, aux meilleures élèves ; pour l’année scolaire 1885-1886, une somme de 1,200 francs a été divisée en vingt-huit livrets de 20 à 100 francs.