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est devenu plus difficile ; c’est le contraire qui a lieu. La production augmente en quantité à mesure qu’elle décroît en valeur. Le fait est d’une telle importance dans la question ici agitée, qu’il convient de l’établir avec autant de précision que le comportent les investigations de cette nature :

Production annuelle de l’argent exprimés en nombre rond (par tonnes de 4,000 kilogrammes) :


États-Unis Mexique Amérique du Sud Allemagne Autres pays
Avant 1870 (année moyenne) 237 497 210 79 197
1876-80 565 602 375 143 285
Année 1882 1.126 704 389 215 200
Année 1884 1.174 711 556 297 178


Avant la guerre, 1,220 kilos, supposons-les au titre légal de neuf dixièmes de fin et évalués selon le type français de 15 1/2, représentent une somme de 244 millions de francs. À partir de 1876, on constate la surabondance de l’argent ; la baisse s’est accentuée, le rapport est tombé sur le marché régulateur de 1 à 18 en moyenne. Au cours ancien de 200 francs par kilo, la quantité produite aurait donné près de 394 millions ; au cours commercial de 1 à 18, la perte dépasse déjà 16 pour 100, et la quantité produite n’entre dans les échanges que pour 331 millions. En 1882, les États-Unis ont poussé au plein leurs exploitations. Le Mexique et les autres pays producteurs font un effort dans le même sens : on arrive à une production de 2,634,000 kilogrammes, qui auraient donné autrefois environ 527 millions ; mais le cours du marché régulateur fait tomber le rapport entre l’or et l’argent de 1 à 22, ce qui correspond déjà à une moins-value d’environ 29 pour 100, c’est-à-dire qu’avec la quantité d’argent produite en 1882 on achèterait pour 153 millions de moins qu’avant 1870. Depuis cette époque, la progression a continué. Nous trouvons en 1884, suivant le dernier document fourni par notre ministre des travaux publics, une production de 2,916,000 kilogrammes, soit, au cours de l’ancien 15 1/2, une valeur de 583 millions de francs, et, suivant le cours du commerce, une somme très difficilement réalisable de 418 millions.

Que les gouvernemens qui ont des remises à faire en Europe pour le paiement des dettes publiques aient poussé outre mesure à la production, que les propriétaires de mines aient essayé de conserver les revenus auxquels ils sont habitués en compensant la baisse des prix par des ventes plus fortes, cela était dans la nature des choses ; mais le remède est dangereux : il élargit la plaie. En augmentant le stock du métal dont le commerce est déjà saturé,