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du marché avaient fait perdre à notre 3 pour 100 le cours rond de 81 francs; le prix de compensation a été établi à 80.70.

Dès le lendemain de la liquidation, bien que le report de la rente eût dépassé 0 fr. 20, un très vif revirement s’est produit, relevant la rente à 81.30, en même temps que les valeurs étaient compensées à des cours favorables pour les acheteurs, avec des taux très modérés de report.

Ces dispositions à une reprise, que l’on pouvait s’attendre à voir facilitée par le concours des capitaux à provenir en juillet du paiement des coupons d’intérêt ou de dividende, ne se sont pas longtemps maintenues.

Pendant quelques jours cependant, nos fonds publics ont pu conserver les prix qu’ils venaient de reconquérir si rapidement (hausse de 0 fr. 60 sur le 3 pour 100, de 0 fr. 75 sur l’Amortissable, de 0 fr. 85 sur le 4 1/2, à 81 fr. 30,84 francs et 109 fr. 50), grâce à l’impression très favorable produite par le dépôt du projet de budget rectifié pour 1888.

Malheureusement, tandis que la spéculation hésitait à marquer par un mouvement de cours la satisfaction que lui inspirait le budget de M. Rouvier, l’affaire de la convention anglo-turque prenait une tournure assez inquiétante, l’assemblée bulgare élisait le prince de Saxe-Cobourg, le départ du général Boulanger pour Clermont donnait lieu aux désordres de la gare de Lyon, la presse officieuse allemande poursuivait avec acharnement une campagne de baisse engagée contre les fonds russes dont Berlin est le centre principal de négociation.

Cette campagne et le succès qu’elle a eu jusqu’ici ont été les causes déterminantes d’un mouvement général de recul sur les fonds étrangers, qui a fini par entraîner aussi, bien que dans une faible mesure, nos fonds publics.

Cette campagne contre les fonds russes a eu sans doute pour objet principal de provoquer un retour de l’épargne allemande aux fonds nationaux. Il s’agissait d’assurer le succès d’un emprunt de l’empire allemand de 100 millions de marks qui a été émis au commencement de la quinzaine et a été couvert sept fois. Les feuilles officieuses qui dirigent l’attaque contre le crédit de la Russie ont pris pour prétexte l’ukase du gouvernement russe, aux termes duquel il est interdit désormais à des étrangers d’acquérir des propriétés foncières dans les provinces confinant à la frontière allemande.

Pour juger à quel point cette entreprise de dépréciation des fonds russes a réussi, il suffit de placer en regard les cours des valeurs de l’état russe figurant à notre cote officielle le 30 juin dernier et le lundi 11 juillet :