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solidifiées. On reconnaît aisément que ces zéolithes ne se sont pas formées en même temps que leur roche-mère, mais après que celle-ci se fut consolidée et boursouflée. Elles affectent toujours exactement une même disposition, quel que soit l’âge des roches.

Parfois l’agate leur est associée comme à Oberstein, dans le Palatinat, où l’on a exploité cette pierre dès l’antiquité, et dans l’Uruguay, dont on l’extrait aujourd’hui. Ses zones concentriques, appliquées les unes dans les autres par des moulages successifs, témoignent clairement d’un dépôt graduel, de nature évidemment aqueuse. Les eaux incrustantes produisent sous nos yeux des dépôts de carbonate de chaux d’une structure identique. Quant aux colorations variées des zones successives de l’agate, qu’on utilise pour la fabrication des camées, elles correspondent à de très faibles variations dans la nature du liquide précipitant. Les cristaux limpides de spath d’Islande, auquel la physique est redevable, depuis Huyghens, des plus importantes découvertes sur la double réfraction et la polarisation de la lumière, sont associés aux zéolithes, dans les vacuoles d’anciennes laves, et ont pris naissance à la même époque.

Au lieu de conjectures erronées ou vagues auxquelles on avait eu recours pour expliquer l’origine de ces minéraux, nous possédons une démonstration, pour ainsi dire expérimentale, qui en éclaire toutes les particularités de la manière la plus complète.

A Plombières, la découverte d’importantes substructions romaines et d’une piscine assez vaste pour cinq cents baigneurs, en excitant l’admiration, démontra que cette localité, comme beaucoup d’autres stations de la Gaule, avait acquis dans l’antiquité un grand développement. Les travaux exécutés en 1851, pour l’accroissement du débit des sources, firent en outre apparaître, dans des tranchées profondes du sous-sol, une partie des conduites souterraines qui avaient échappé aux dévastations des barbares ; ils mirent aussi au jour une maçonnerie formée de béton et de fragmens de briques, disposée avec art autour des sources thermales, de manière à les isoler de la rivière voisine et du gravier, où elles se seraient épanchées et refroidies. Chaque source, emprisonnée dans cette maçonnerie à partir de son orifice, n’en sortait que par une cheminée verticale en pierres de taille pour s’élever et s’écouler vers les piscines.

En examinant attentivement les briques immergées depuis des siècles dans l’eau minérale, je pus reconnaître qu’elles avaient subi une transformation des plus intéressantes. Des combinaisons nouvelles, silicates de la famille des zéolithes, avaient pris naissance dans les cavités dont ces briques sont criblées :