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C’est ce que démontrent les animaux et les végétaux fossiles, longtemps désignés sous le nom de pétrifications, ou plutôt les changemens chimiques que ces corps fossilisés ont évidemment subis. Ici, des coquilles et des polypiers, présentant des formes parfaitement conservées dans leurs moindres détails, ne sont plus constitués avec du carbonate de chaux, comme ils l’étaient certainement pendant la vie de l’animal auquel ils ont appartenu : une substance essentiellement différente, le quartz, a pris exactement la place du carbonate. Ailleurs, ce sont d’autres minéraux, la pyrite, la baryte sulfatée, qui ont pénétré et cristallisé dans les cavités qu’occupait le corps de ces invertébrés.

Les bois silicifiés que l’on rencontre très fréquemment accusent avec plus de clarté encore l’intervention d’un liquide. Non-seulement l’œil le moins exercé reconnaît leur forme extérieure, mais encore la texture ligneuse s’est maintenue jusque dans les cellules et autres parties intimes, aussi distinctement que dans le bois vivant. Ce n’est donc pas un simple moulage de la silice, opéré dans les vides qu’aurait laissés la disparition du végétal, mais l’effet d’une substitution moléculaire, graduelle et lente, qui nous a conservé les organes les plus délicats de plantes diverses. Un liquide, tel que l’eau, a pu seul produire ces substitutions d’un corps à un autre, en déposant les substances qu’il tenait dissoutes.

Des changemens dus pareillement à une influence aqueuse ont amené la formation de masses arrondies dites rognons, confondues parfois avec des productions organisées, bien qu’elles soient entièrement minérales. Le quartz silex, qui est une variété du quartz, se présente souvent sous cette forme tuberculeuse; on en rencontre les rognons, alignés parallèlement à la stratification de la craie, dans les carrières de Meudon et, sur une plus grande échelle, le long des falaises de la Normandie. Ces silex se sont produits après que les couches avaient été déjà déposées, et ont souvent empâté des fossiles sur lesquels ils se sont moulés.

Il existe des rognons analogues pour le mode de production, mais de nature calcaire. Les dépôts quaternaires les plus récens, comme le limon diluvien ou loess, en présentent un grand nombre. Cette même forme apparaît très fréquemment dans le fer carbonate, surtout abondant dans les argiles du terrain houiller, et qui est exploité dans plusieurs comtés de la Grande-Bretagne.

On connaît ces boules, d’un éclat métallique et couleur jaune de laiton, dont la surface est hérissée de pointes cristallines. Elles sont formées de pyrite ou bisulfure de fer et abondent dans la craie, dans l’argile plastique et dans les roches charbonneuses. Quand, à cause des dénudations, elles se présentent isolées à la