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des États-Unis, sur les confins du Wyoming, se trouve une des régions les plus remarquables en geysers, auxquels sont associées plus de deux mille sources très chaudes qu’on pourrait croire engendrées par un vaste foyer à vapeur. Ces émanations grandioses sont d’un caractère si extraordinaire et si imposant qu’une loi les a prises sous sa sauvegarde et a fait du lieu où elles se produisent une très vaste propriété publique, sous le nom de parc national de Yellowstone.

Ainsi, chaque mode de gisement des sources thermales fait comprendre comment la chaleur interne du globe intervient pour les échauffer. Toutefois, sans pénétrer aussi bas que le ferait supposer leur degré de chaleur, comparé au taux normal d’accroissement, les eaux peuvent acquérir une température élevée, en l’empruntant à certaines roches éruptives, poussées des profondeurs vers la surface de la terre et qui conservent encore une partie de leur primitive chaleur. En général, elles remontent par l’effet d’une pression hydrostatique, comme dans les puits artésiens ; quelquefois intervient la force expansive de la vapeur.

Les volcans, dont les éruptions n’évoquent à l’esprit que l’idée de feu, constituent cependant de gigantesques sources intermittentes d’une eau dont la haute température surpasse tout ce que nous connaissons.

Partout, en effet, la vapeur d’eau forme non-seulement le produit le plus abondant et le plus constant des éruptions, mais elle parait en être même le moteur, grâce à son énorme tension. Dès le commencement de la crise, elle jaillit par d’énormes bouffées, arrachant des débris de toute sorte au conduit souterrain ; cette vapeur donne bientôt naissance à une colonne verticale qui s’épanouit dans les hautes régions de l’atmosphère, sous la forme d’un pin d’Italie, suivant la comparaison de Pline. Elle est souvent noircie, surtout au commencement de l’éruption, par des déjections solides, cendres ou lapillis. La hauteur de cette colonne aqueuse peut être considérable, si elle n’est pas emportée ou dissoute par les courans aériens. On l’a estimée à 3,000 mètres, lors de l’éruption du Vésuve de 1822, et à 8,000 mètres au moins au Cotopaxi. Le 26 juin 1877, six cratères ouverts sur les flancs de l’Etna fournissaient chacun des jets de vapeur qui, d’après M. Fouqué, correspondaient à 22,000 mètres cubes d’eau par jour, et cela pendant cent jours. Des pluies torrentielles résultent fréquemment des nuages engendrés par ces exhalaisons.

Quelque invraisemblable que le fait paraisse, l’eau est incorporée dans les laves fondues et incandescentes, et, par conséquent, participe à une température qui excède 1,000 degrés. Mais, dès qu’elle