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l’avancement au grade de médecin-major. Comme on le voit, il y a parallélisme entre le service actif et la réserve, et les médecins sont tous, jusqu’au grade de médecin-major, soumis aux mêmes conditions. C’est à ce point que, sur les états de mobilisation, « les aides-majors et les médecins-majors en position de congé (réserve et territoriale) sont proposés pour l’avancement concurremment avec leur serre-file de l’armée active, pourvu qu’ils répondent aux conditions exigées pour l’avancement (art. 24).

Il y a plus encore, les médecins de la réserve peuvent entrer avec leur grade dans le service actif. « Pour passer dans le service actif, les médecins-majors et aides-majors ont besoin de l’autorisation de l’empereur. Si elle leur est accordée, leur rang d’ancienneté est fixé sur un rapport du médecin-général-major de l’armée en se basant sur la durée de leur service actif, leurs titres scientifiques et leur âge (art. 24). » Nous voilà bien loin de notre loi organique militaire. Cette fois, je ne voudrais pas demander pareille chose pour notre armée. Grâce à l’intervention constante et si funeste de la politique, nous serions exposés à voir la protection toute-puissante d’un député influent imposer à la faiblesse ministérielle l’incorporation dans le corps de santé d’un médecin de peu de valeur, sans clientèle et sans avenir, mais ayant été l’agent électoral actif d’un candidat heureux.

Il nous reste à voir comment la loi allemande s’est comportée à l’égard des médecins ayant une grande situation scientifique, et qui, la plupart, sinon tous, échappent par leur âge à la loi militaire. La Prusse avait compris qu’il est de l’intérêt de l’armée d’utiliser de pareils hommes, et elle a créé pour eux la situation particulière de chirurgiens consultans. Lorsqu’en 1364 je visitai, pour en étudier l’organisation et le fonctionnement, les ambulances autrichiennes et prussiennes du Schleswig, j’ai pu constater les immenses services que rendit par ses conseils le professeur Von Langenbeck, aujourd’hui un des derniers survivans d’une pléiade de chirurgiens illustres, dont la grande majorité appartenait à la France. En 1870, la plupart des notabilités de la science allemande firent partie de l’armée en qualité de chirurgiens consultans et avec le grade de chirurgiens-généraux. Les résultats obtenus, les services rendus ont été si évidens que le Kriegs-Sanitäts-Ordnung du 10 février 1878 a généralisé et régularisé la mesure. Les hautes notabilités scientifiques continuent à recevoir des missions particulières à l’armée ; mais à chaque corps d’armée des chirurgiens d’une situation élevée, quoique moins exceptionnelle, figureront dorénavant et d’une manière régulière en qualité de chirurgiens consultans.