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dans l’armée, mais ils sont malheureusement fréquens dans la population civile, et il est assez rare qu’on puisse, à un moment quelconque, visiter un de nos grands services hospitaliers sans y rencontrer quelque blessé par armes à feu. En 1870, tous ou presque tous nous avons fait partie du service de santé de l’armée ou des ambulances, et par conséquent civils et militaires ayant plus de dix-sept ans d’études ou de pratique médicale ont été à la même école. Enfin, la dernière guerre avant 1870 ayant été la campagne d’Italie, ceux qui l’ont faite, ceux que j’y ai rencontrés ont au moins mon âge, et ceux-là sont morts ou, sauf de rares exceptions pour les plus jeunes d’alors, ils ont quitté par la retraite la médecine militaire. La connaissance des plaies par armes à feu n’est donc pas l’apanage des médecins militaires. Il y a plus : en France, grâce, malheureusement, à nos guerres civiles, ce n’est pas à des médecins militaires, c’est à des chirurgiens civils que nous devons les plus importans progrès dans l’étude et le traitement des plaies par armes à feu. Hors de France, et à l’époque contemporaine, c’est à la chirurgie américaine, entièrement composée de médecins civils, que nous devons les admirables travaux qu’a provoqués la guerre de la sécession.

La préoccupation de primer toujours et partout le médecin civil, en cas de mobilisation, se retrouve dans toutes les parties de la loi organique. Lorsque les étudians en médecine se destinant à la carrière militaire ont été reçus docteurs à la faculté de médecine, ils entrent au Val-de-Grâce et, après une année, lorsqu’ils passent dans un régiment comme médecins, c’est avec le grade d’aide-major de troisième classe et le rang de sous-lieutenans. Deux ans après, au plus, s’ils n’ont pas démérité, ils sont, de par l’article 244 de la nouvelle loi, promus aides-majors de deuxième classe (lieutenans), et ils arrivent rapidement à la première classe, car le cadre ne comporte que 100 médecins de troisième classe, 100 de deuxième classe, 290 de première classe et 500 médecins-majors de deuxième classe. De telle sorte que le chiffre des médecins-majors de deuxième classe dépasse celui de tous les aides-majors réunis. Dans ces conditions, on ne reste pas longtemps, — et ce n’est pas un mal, — dans les grades inférieurs.

Lorsque les médecins de la carrière civile ont été reçus docteurs, ils entrent comme médecins dans un régiment pour y terminer leur temps de service ; mais, suivant l’article 23, « ils accomplissent leur service actif dans un corps de troupe comme médecins auxiliaires. » Comme tels, ces jeunes gens en possession des deux baccalauréats, du titre de docteur, déjà muris par l’âge et l’étude, ont le grade de sous-officier (adjudant).

« Si, après une année de présence, dit encore l’article 23, ils sont