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« Peuvent seuls être admis, comme médecins, au service volontaire d’un an, les jeunes gens ayant servi six mois dans le rang et en mesure de produire le certificat de service désigné au paragraphe 4. (Certificat de leurs chers militaires attestant leur bonne conduite, leur zèle et leur instruction militaire.) Faute de pouvoir produire ce certificat, ils servent dans le rang pendant les six mois qu’ils doivent encore passer au service actif. »

Ce qui est absolument caractéristique, c’est que les élèves des écoles spéciales de médecine militaire, bien que soumis dans ces écoles à des habitudes de discipline, sont obligés, comme tous les étudians en médecine, de faire six mois de service dans le rang. (Ordonnance du 6 février 1873.) Ceux qui n’obtiennent pas leur certificat de bon service comme soldats peuvent être renvoyés de l’école. Enfin, l’ordonnance du 9 avril 1873 spécifie que « ces écoles mettent leurs élèves à la disposition du général commandant le corps de la garde pour qu’ils y reçoivent pendant six mois l’instruction militaire. »

Nous devons imiter encore sur ce point l’exemple de l’Allemagne. Il faut que tous nos jeunes gens, sans aucune exception en vue d’une carrière future, soient incorporés dans le rang pendant six mois. La discipline est la première de toutes les vertus du soldat ; on ne l’acquiert que lorsqu’on est encore jeune. S’il n’y a pas de bonne administration sans l’application de ce principe, si peu appliqué en France : the right man, in the right place ; il n’y a pas d’armée possible sans l’application stricte, absolue de ce second principe : Un chef qui commande, des subordonnés qui obéissent. Or, quand on entre au service à l’âge de vingt-quatre ans, ainsi que le concède l’article 23 de notre loi militaire, après avoir fait des études qui mènent à l’indépendance de l’esprit et du caractère, — indépendance si nécessaire en science, — on ne sait plus prendre cet esprit de discipline et de subordination qui fait respecter dans ses chefs, non l’homme et sa valeur personnelle, mais le grade qu’il possède et l’autorité que donne ce grade. L’élève en médecine est plus que tout autre jaloux de son indépendance, et s’il est temporairement appelé à servir dans l’armée, il est quelque peu réfractaire à la discipline. Je suis donc absolument convaincu, et je me permets d’ajouter, par expérience, que nous devons imiter la loi militaire allemande et imposer à tous six mois de service comme soldats, et quand je dis comme soldats, ce n’est pas comme infirmiers ou soldats d’administration, c’est, comme disent les Allemands : mit der Waffe, avec le fusil, le mousqueton ou le sabre du fantassin, du cavalier ou de l’artilleur. Avec la faculté de devancer l’appel et de faire, à partir de dix-huit ans, ces six mois de service, il n’y a