Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 81.djvu/573

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il n’est point prodigue des deniers de la préservation et il excelle aux économies ; mais, si l’on s’en rapportait aux seules dépenses inscrites régulièrement au budget, on risquerait de se tromper, car il en est d’autres que l’on effectue sans difficulté, et qui ne laissent point trace dans la comptabilité dont.l’on doit communication à l’assemblée générale de l’œuvre. On pourrait chanter, comme dans les opéras comiques : « Tout ceci, tout ceci cache un mystère ! » Ce mystère, je le dévoilerai sans scrupule. Les membres du comité, agissant en qualité de délégués de l’association, déploient dans le contrôle une rigueur qui parfois peut sembler excessive ; ils rejettent tout crédit qui n’est point absolument nécessaire. C’est là leur conduite officielle, car ils ont pour devoir d’être avares du bien qu’on leur a confié ; mais leur conduite privée est tout autre, et tel membre du comité qui s’est énergiquement refusé à voter une allocation demandée remettra, de la main à la main, à l’économat de l’école, une somme égale ou supérieure à celle que l’on réclamait pour parfaire une amélioration. Collectivement et en fonctions, les membres du comité sont très économes ; individuellement, ils sont très généreux, de sorte que l’école professionnelle n’a jamais à pâtir de la parcimonie de son budget. Des faits analogues ne sont pas rares dans le monde protestant ; j’en connais un trop honorable pour que je le passe sous silence. Un ou deux ans avant la révolution de 1848, Gabriel Delessert, qui rat le dernier préfet de police du gouvernement de Juillet, demanda au conseil municipal une somme de 60,000 francs pour faire, à la Petite-Roquette, des aménagemens qu’il jugeait indispensables ; le conseil municipal fut d’humeur maussade et refusa. Gabriel Delessert n’insista pas ; il fit exécuter les travaux qu’il avait en vue et les paya de sa poche. Il n’en fut que cela.

L’école industrielle n’en est plus à faire ses preuves, et elle est appelée, je crois, à rendre d’éminens services à la communion exclusive qui l’a fondée et dont elle n’accepte que les enfans. Je ne lui reconnais qu’un défaut dont elle est innocente, c’est d’être située à Paris, dans cette ville excessive, où les bâtisses coûtent cher, où les terrains sont hors de prix et où l’on est forcé de se concentrer, lors même qu’il serait urgent de s’étendre. Il en résulte que, faute d’un emplacement suffisant, on est réduit à enseigner aux enfans un métier sédentaire, ce qui constitue, à mes yeux, un inconvénient grave. Pour l’enfant, et surtout pour l’enfant vicié, pour l’enfant parisien, rabougri, chétif, alerte à la dépravation, de conception active et d’intelligence malsaine, il n’est que les métiers en plein air. Ah ! les beaux métiers que ceux de charpentier, de couvreur, de forgeron, de maçon, de cantonnier, qui tiennent l’esprit