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doutent pas du tort qu’ils font à leur santé. Si les enfans s’étiolent dans les villes, ce n’est pas à l’impureté de l’air qu’il faut s’en prendre, c’est au séjour trop prolongé dans l’air confiné des appartemens et au défaut d’exercice. L’atmosphère des classes est encore plus viciée, parce qu’elles renferment un plus grand nombre d’enfans, et qu’ils y sont encore plus sévèrement astreints à l’immobilité et au silence; aussi est-il indispensable de réduire au minimum le temps qu’ils sont obligés d’y passer. Le règlement du 18 juillet 1882 sur les écoles primaires a fixé la durée des classes à trente heures par semaine. En tenant compte des deux jours de congé, cela fait six heures par jour, trois le matin et trois le soir. La classe du matin commence à neuf heures, celle de l’après-midi à une heure. Chacune d’elles est interrompue par un repos d’un quart d’heure. En réalité, les enfans restent à l’école de neuf heures du matin à quatre heures du soir, et n’ont pendant ce temps-là qu’une récréation d’une heure, pendant laquelle ils déjeunent. Les repos d’un quart d’heure, qui ont lieu au milieu de chaque classe, ne sont pas des récréations. On les conduit, par séries, dans un endroit écarté où ils séjournent le temps nécessaire; ils en reviennent en silence, mais ils ne jouent pas et ne se livrent à aucun exercice. On les tient ainsi pour éviter le bruit et le désordre ; mais c’est au détriment de leur santé. Ils ne devraient pas rester assis un instant, sans travailler d’une manière effective.

Six heures de classe par jour, pour des écoliers de six à onze ans, constituent un véritable excès, et cependant beaucoup d’entre eux, pour obtenir leur certificat d’études, ou pour satisfaire à l’amour-propre des parens et des instituteurs, font des heures supplémentaires et travaillent à la maison. Pour eux, le surmenage intellectuel commence sur les bancs de l’école primaire et y produit ses tristes effets. Ils maigrissent et sont pour la plupart sujets aux maux de tête et aux saignemens de nez, indices d’une congestion sanguine causée par l’excès de travail. L’éducation des petits enfans, je le répète, devrait être basée sur le principe des courtes études, des longues récréations au grand air et de la promenade.

À ce régime, ils apprendraient tout autant, parce qu’il y aurait moins de temps donné À l’inattention et aux espiègleries. Ils se porteraient mieux, se développeraient d’une façon plus complète et seraient plus robustes lorsqu’il s’agirait d’aborder l’éducation sérieuse et l’épreuve du lycée. Tous les médecins sont d’accord à cet égard. La commission d’hygiène des écoles, instituée par un arrêté du ministre de l’intérieur, en date du 24 janvier 1882, a proposé de réduire le temps des classes, dans les écoles primaires, à quatre heures, deux le matin et deux le soir, avec une récréation au milieu de chaque séance. MM. Marsoulan et Mesureur se sont arrêtés