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Les consolidés s’élevaient à 102 3/4. Rien de grave ne semblait plus menacer la paix en Europe. La question de la Bulgarie elle-même tendait à s’assoupir, la Russie étant résolue à ne point se départir d’une politique purement expectante. On commençait à peine à parler de troubles en Afghanistan. Dans le conflit d’influence engagé à Saint-Pétersbourg entre M. Katkow et M. de Giers, le tsar semblait vouloir tenir la balance égale entre le représentant des idées de paix et d’entente amiable avec l’Allemagne et l’apôtre du panslavisme.

Le 16, jour de la liquidation de quinzaine, des dépêches relatives au progrès de l’insurrection des Ghilzais contre l’émir afghan ont causé quelque préoccupation. Cependant les fonds étrangers n’étaient guère émus, les Consolidés reculaient à peine de 1/8, le Hongrois se maintenait au-dessus de 82 francs, l’italien à 98.50. La rente française 3 pour 100 valait 81.30, l’amortissable 84.75, et le 4 1/2 110 francs.

Sur les valeurs, la liquidation s’effectuait plutôt un peu en baisse, malgré le bon marché des reports et le peu d’importance des engagemens. Les affaires, en général, étaient fort inactives, et la spéculation, très réservée, ne manifestait que peu de dispositions à manœuvrer dans un sens ou dans l’autre.

Le 19, les fonds russes ont baissé d’une unité à Berlin, et le 3 pour 100 français a reculé de 81.25 à 81 francs. Le faux bruit de la retraite imminente de M. de Giers avait causé cette alerte, qui apportait une nouvelle preuve du peu de solidité de la hausse survenue pendant la première moitié du mois. Le lendemain, on ne pensait même plus aux nouvelles fantaisistes du jour précédent, et les cours tendaient à se relever dans la proportion exacte où ils avaient fléchi. Le 21 éclatait sur le marché la nouvelle de l’incident de Pagny-sur-Moselle.

La place était trop mal préparée pour qu’un incident quelque peu sérieux ne la troublât pas profondément. Le 3 pour 100 a baissé seulement de 0 fr. 45 le premier jour ; mais le lendemain les offres ont afflué, et comme il n’y avait plus de contrepartie, la rente est tombée brusquement de 80.90 à 78.60, pour se relever aussitôt à 79.70. Cette baisse n’a pas amené le moindre surcroit d’activité dans les transactions. Personne dans le monde financier n’a voulu admettre qu’une guerre entre l’Allemagne et la France pût sortir de cette aventure fâcheuse, où, de l’aveu spontané de toute l’Europe, les torts étaient manifestement du côté allemand. Malgré cette conviction, la prudence était opportune, et, pendant quelques jours, on s’est tenu sans variation sensible entre 79.50 et 80 francs, c’est-à-dire à 1 franc au moins au-dessous du niveau si promptement abandonné.

C’est dans les derniers jours du mois seulement, alors que l’affaire parut s’acheminer vers sa solution logique, et que le cabinet de Berlin annonça son intention de mettre en liberté le commissaire français,