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PAYSAGES DES TROPIQUES

LE BOIS D’ACOULA.

C’était en pleine terre chaude mexicaine, sur le littoral de l’Océan-Atlantique. Parti du village de Cosamaloapam à la naissance du jour, j’avais, pendant quatre heures, cheminé dans l’obscur dédale d’une forêt de palmiers. Sur le sol que je foulais, et que ne pouvaient atteindre les rayons du soleil, nulle trace de vie animale, nulle verdure, nul mouvement. Partout de hauts stipes gris dont les vastes panaches cachaient soigneusement le ciel, dont les rangs pressés fermaient en tous sens l’horizon. A plusieurs reprises, la ressemblance des arbres m’avait laissé croire que, mésaventure plus redoutable encore dans les forêts que dans les savanes, je tournais sans avancer. Au moment où je songeais à revenir en arrière, pour rompre le charme dont je me croyais victime, un rayon s’était montré au loin, et j’avais enfin découvert le but de mon excursion : la petite rivière du Salado.

Assis à l’un des coudes décrits par le mystérieux cours d’eau, — de rares Indiens connaissent seuls les solitudes qu’il traverse, — je le voyais s’étendre en droite ligne, puis se diriger vers l’ouest.