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LES DESCENDANS DES MAGES.

date sont restés simples de caractère et de manière, tels qu’ils étaient, sans doute, au VIIe siècle de notre ère, au temps où leurs ancêtres quittaient leur patrie en proscrits.

Ce culte du passé devait engager M. Dosabhai Framji Karaka à nous parler de l’époque héroïque de Cyrus le Grand, de Cambyse, de Darius, de Xerxès et des guerres que ses ancêtres soutinrent contre les Grecs et les Romains. C’est de l’histoire ancienne trop connue pour que nous nous y arrêtions. Après un récit très succinct, mais vraiment original de la façon dont les sectateurs de Mahomet ont fait leur apparition devant le dernier successeur de tant de rois célèbres, nous arriverons tout de suite à l’historique de la situation brillante que s’est faite hors de sa patrie la secte des Parses[1].

C’est en 637, Ardeshir III régnant, que les Arabes, fraîchement convertis par Mahomet, envahirent la Perse. Cette contrée jouissait alors d’une grande tranquillité ; malheureusement une trop longue paix, un bien être trop général, avaient énervé les corps et les âmes, et, lorsque les troupes du calife Omar entrèrent dans Erak, ils ne trouvèrent, au lieu de soldats disposés à les combattre, que deux factions se disputant le pouvoir. Le roi Ardeshir, à la simple nouvelle de l’approche des musulmans, perdit Erak et le trône. Il fut remplacé par un jeune prince du nom de Yazdérard, lequel, vaincu par les Arabes comme son prédécesseur, fut contraint de fuir jusqu’à Merv, en Tartarie, où il mourut assassiné. C’était le dernier rejeton de la dynastie sassanienne.

Peu d’années avant la fin tragique de ce prince, une ambassade musulmane était venue le trouver dans son camp, et celui qui la dirigeait lui avait tenu ce langage :

— Allah nous a commandé, par la bouche de son prophète, d’étendre la domination de l’Islam sur toutes les nations du monde. Nous lui obéissons et venons vous dire : Devenez nos frères en adoptant notre foi, ou bien encore, payez-nous un tribut, si vous voulez éviter que nous vous fassions la guerre. — Nos discordes doivent vous avoir trompés sur nos forces, s’écria le prince en interrompant l’orateur. La vermine, les serpens vous servent de nourriture ; pour vêtemens, vous n’avez que des peaux de moutons et des poils de chameau. Si la misère vous chasse de vos déserts, nous vous donnerons à manger et un roi qui. Vous gouvernera avec sagesse. — Mes compagnons, reprit l’ambassadeur, sont des

  1. Le mot Parse dérive d’une province persane, Pars ou Jars, dans laquelle se trouvait l’ancienne capitale de l’empire, Persepolis. On appelle aussi les Parses des Guèbres, sans se douter que c’est une qualification injurieuse que les musulmans employaient pour les humilier.