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garçons sont au nombre de 1,569, avec 60,124 élèves; les écoles de filles sont au nombre de 332 et comptent 21,899 enfans. Je ne crois pas nécessaire d’entrer ici dans la statistique détaillée des écoles primaires d’Athènes, qui sont au nombre de 14 pour les garçons et de 16 pour les filles. Si l’on fait le calcul en prenant pour base la vie moyenne, on trouve qu’un enfant sur quatre fréquente les écoles primaires ou les collèges. Mais il faut faire intervenir dans cette supputation qu’au-dessus d’un certain âge le nombre de ceux qui ont été à l’école est de plus en plus petit, et que, parmi les gens déjà vieux, quelques-uns seulement savent lire et écrire. Un appoint considérable est donné à l’enseignement public par les établissemens privés et par l’éducation dans la famille. Une foule de personnes riches ont chez elles des maîtres ou des maîtresses qui enseignent à leurs enfans, surtout aux filles, les langues étrangères, et notamment le français, et qui mènent l’enseignement jusqu’à un point assez élevé. Les familles grecques sont recherchées par les institutrices étrangères, suisses, françaises, allemandes, parce que les Grecs mettent l’instruction au-dessus de tout, savent qu’elle est la base de l’éducation, de la vie sociale, même de la fortune, et ont plus de considération pour une personne instruite et bien élevée que pour une personne riche, mais ignorante. Quant aux établissemens privés d’instruction primaire ou secondaire, ils sont nombreux ; mais, n’en ayant pas la statistique, je ne puis en donner ici le détail. J’appellerai seulement l’attention sur la Société des amis de l’instruction, dont les maisons ont presque le caractère d’établissemens publics. Ses collèges sont pour les filles; celui d’Athènes, connu sous le nom d’Arsakion, et dont la Revue a déjà entretenu ses lecteurs, a reçu Fan dernier 1,376 élèves et délivré 98 diplômes d’institutrice. La Société a créé des succursales à Eleusis, Ménidi, Gaurion, Stoura et Corfou ; elle a 40 professeurs et 59 maîtresses; les succursales ont réuni 424 élèves. On voit par ces renseignemens que l’éducation des filles peut se faire en Grèce aussi aisément que celle des garçons; encore une ou deux générations, et il n’y aura plus dans tout le royaume une seule personne illettrée.

Nous devons signaler ici un fait de haute portée. A peine un nouveau coin de terre est-il annexé au royaume que des écoles et des gymnases y sont aussitôt établis ; les chiffres que j’ai donnés comprennent la Thessalie et la petite portion de l’Epire réunies à la Grèce il y a cinq ans. Ainsi, là où les Turcs maintenaient les ténèbres, les Grecs portent la lumière; partout où s’avancera le drapeau blanc et bleu des Hellènes, la science le suivra, les hommes et les femmes s’élèveront de plusieurs degrés et se mettront au