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le travail exécuté pendant la nuit aux batteries du Mansoura. Le dernier poussa jusqu’au Coudiat-Aty, où il détermina l’emplacement d’une batterie d’obusiers et de la batterie de Nemours, destinée à faire brèche à 400 mètres de la place. A peine était-il rentré à Sidi-Mabrouk que les positions françaises furent de la part de l’ennemi l’objet d’une attaque générale et simultanée. Du côté du Mansoura, ce fut peu de chose; les assiégés, n’ayant pour déboucher que Bab-el-Kantara et le pont, ne pouvaient arriver à la fois qu’en petit nombre ; aussi les tirailleurs des zouaves et du 2e léger suffirent-ils à faire cesser en un quart d’heure cette démonstration insignifiante. Au Coudiat-Aty, il fallut y mettre plus de monde et plus de temps. Un millier de Turcs et de Kabyles, sortis de la ville, arrivèrent, de ressaut en ressaut, jusque sous l’épaulement qui couvrait la légion étrangère ; un de leurs chefs, un guerrier superbe, vint même planter un drapeau sur une masure qui touchait l’épaulement; à la voix du commandant Bedeau, les légionnaires sautèrent par-dessus le parapet et tombèrent littéralement sur les groupes entassés dans la ravine au-dessous. Écrasés, assommés, débusqués à coups de baïonnette, les assiégés se retirèrent d’étage en étage, sans hâte, pour revenir bientôt après par un détour habilement exécuté contre le 26e qui perdit en les repoussant son capitaine de grenadiers. Pendant cette attaque de front, le Coudiat-Aty était en même temps assailli de revers; deux ou trois mille cavaliers, dont les groupes s’étaient massés autour de l’aqueduc romain, avaient passé le Roummel et s’étaient engagés sur la pente adoucie du mamelon ; accueillis par le feu de quatre compagnies du 47e et par la mitraille de deux pièces de campagne, ils reculèrent en désordre; les deux escadrons du 1er chasseurs d’Afrique s’élancèrent après eux et achevèrent de les mettre en déroute ; malheureusement, dans cette poursuite, quelques-uns de ces vaillans, emportés par leur ardeur au plus épais de la cohue, payèrent de leur vie cet excès de bravoure; leurs têtes, achetées par Ahmed, allèrent dans Constantine appuyer le mensonge d’une prétendue victoire.

Pendant toute cette journée du 7, des grains du nord-ouest avaient à plusieurs reprises traversé le ciel; vers cinq heures du soir, la pluie s’établit violente, continue, glacée. Le moment était venu d’armer les trois batteries du Mansoura et la batterie d’obusiers sur le Coudiat-Aty, dont les pièces furent amenées à destination par le commandant d’Armandy et le capitaine Le Bœuf. Au Mansoura, l’armement de la batterie d’Orléans et de la batterie de mortiers put se faire sans grand’peine ; mais pour la batterie du Roi, les difficultés auxquelles on s’était attendu dépassèrent tout ce que les esprits les plus moroses auraient imaginé. Les terres schisteuses du remblai pratiqué par le