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fallu le séquestrer au fort Génois ; un bataillon du 26e, embarqué sur des navires du commerce, se trouvait encore en mer; dans les hôpitaux de Bône et de Ghelma, il y avait plus de deux mille cinq cents malades, fiévreux et autres ; c’était donc pour l’infanterie déjà peu nombreuse un déficit de quatre mille cinq cents à cinq mille baïonnettes. Mais quoi? leur répondait-on; vous voulez renvoyer l’expédition à des temps meilleurs, c’est-à-dire au printemps, lorsqu’on a déjà trop tardé? Est-ce possible? l’opinion publique, l’attente de l’armée, le souffriraient-elles? Non. Et la marche en avant avait été résolue.

L’armée réunie à Mjez-Ahmar était divisée en quatre brigades : la première, sous les ordres du duc de Nemours comprenait un bataillon de zouaves et un bataillon du 2e léger, commandés ensemble par le lieutenant-colonel de La Moricière ; deux bataillons du 17 léger; six escadrons du 3e chasseurs d’Afrique, une section d’artillerie de campagne et une de montagne ; la 2e brigade, sous le général Trézel, deux bataillons du 23e de ligne, le bataillon turc, les tirailleurs d’Afrique, la compagnie franche de Bougie, les spahis irréguliers, ces quatre derniers corps réunis sous le commandement du colonel Duvivier, une section de campagne et une de montagne ; la troisième, sous le général Rullière, le 3e bataillon d’Afrique, un bataillon de la légion étrangère, le 1er bataillon du 26e de ligne, deux escadrons du 1er chasseurs d’Afrique venus d’Alger, deux escadrons de spahis réguliers, quatre pièces de montagne ; la quatrième, sous le colonel Combe, en l’absence du général Bro, le 2e bataillon du 26e deux bataillons du 47e une section de campagne et une de montagne. L’effectif de l’infanterie était de sept mille hommes environ, celui de la cavalerie de quinze cents; l’artillerie en comptait douze cents, le génie un millier en dix compagnies de sapeurs et de mineurs. Indépendamment du matériel de campagne et de montagne, réparti comme il vient d’être dit entre les brigades, l’artillerie emmenait quatre canons de 24, quatre de 16, deux obusiers de 8 pouces, quatre de 6 pouces, trois mortiers de 8 pouces, ces dix-sept bouches à feu de siège approvisionnées à deux cents coups par pièce ; deux cents fusées de guerre, cinquante fusils de rempart, cinq cent mille cartouches, 1,000 kilogrammes de poudre. Le matériel du génie avait été au dernier moment réduit de moitié, parce que, le nombre des attelages de l’intendance s’étant trouvé insuffisant, il avait consenti à charger vingt de ses prolonges d’orge et de paille. Le nombre des bêtes de trait et de bât, chevaux et mulets, dépassait deux mille cinq cents têtes. La quantité de munitions de bouche charriée par les soins de l’administration avait été calculée de manière à pouvoir fournir quatorze distributions quotidiennes ; en outre, chaque homme