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avoir un vote de confiance complet, sans réserve ; il l’a eu sans doute ; il ne l’a obtenu toutefois qu’à une petite majorité qui l’a laissé évidemment affaibli. De là cette crise nouvelle, qui a commencé par la démission du général de Robilant et qui est devenue aussitôt la crise du cabinet tout entier.

C’est un ministère à recomposer, et la crise, on peut en convenir n’est guère opportune dans un moment où le comte de Robilant, au dire des nouvellistes, aurait été fort occupé à renouveler l’alliance de l’Italie avec les grands empires du centre. Quel genre d’avantages M. de Robilant était-il occupé à conquérir dans ces négociations mystérieuses, dont il avait, dit-on, tous les fils dans les mains? On serait peut-être un peu embarrassé de le préciser, et M. de Robilant lui-même est un homme à l’esprit trop sérieux, trop droit pour engager son pays dans des entreprises qui pourraient aussi être des aventures. Ce sont des imaginations de nouvellistes. Que M. de Robilant garde la direction des relations extérieures à Rome avec M. Depretis demeurant premier ministre, ou qu’un autre cabinet se forme, la meilleure politique pour l’Italie sera toujours celle qui s’occupera de ses affaires, de cette récente affaire de Massouah d’abord, sans se perdre dans de trop profondes combinaisons de diplomatie européenne ou dans des rêves trop indéfinis d’extension coloniale. Qu’elle cultive son jardin; il est assez beau et assez en sûreté désormais pour que l’Italie n’ait rien à craindre ni rien à envier.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La liquidation de fin janvier s’est faîte sur toutes les places de l’Europe dans les conditions les plus défavorables, au milieu d’une panique universelle, sous le coup des réalisations désespérées de la spéculation qui s’était portée sur les fonds d’état.

Ce n’est pas la crainte d’une guerre imminente qui a déterminé ce krach des rentes françaises et étrangères. Déjà les inquiétudes provoquées par les discours de M. de Bismarck au Reichstag étaient en partie dissipées. On savait qu’il fallait s’attendre à l’éclosion de nouvelles rumeurs alarmantes destinées à intimider les électeurs en Allemagne et à favoriser la nomination d’un Reichstag où la majorité serait mieux