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un demi-bataillon de zouaves et trois compagnies d’élite, empruntées aux régimens d’Alger, leur servaient d’escorte. Le 23, le Turc Ibrahim, l’ancien caïd de Mostaganem, fut nommé par le maréchal bey de Mascara ; il ne restait plus qu’à l’installer à la place d’Abd-el-Kader. Mais comment conduire jusqu’à Mascara l’énorme quantité d’approvisionnemens dont l’armée allait être embarrassée pour combattre, et qui lui était indispensable pour vivre ? Les moyens de transport adoptés en Europe ne convenaient plus à la guerre d’Afrique ; c’était au convoi du général Trézel qu’était dû, pour beaucoup, le désastre qu’on allait venger : l’expérience était faite. Aux prolonges et aux fourgons du train le maréchal Clauzel eut l’idée de substituer, pour une grande part du moins, des chameaux. On en loua sept cents aux Sméla et aux Douair, qui ne mirent pas beaucoup d’empressement à les fournir ; aussi, pour être bien sûr de les avoir en temps utile, le gouverneur, dans la nuit du 25 au 26, fit cerner tous les douars et opérer la réquisition par l’intendance. Les troupes étaient prêtes à marcher. Deux cents hommes par régiment, pris parmi les moins valides, les cavaliers démontés, et trois cents marins furent laissés à la garde d’Oran et de Mers-el-Kébir.

Le corps expéditionnaire comprenait quatre brigades et une réserve. La première brigade, sous les ordres du général Oudinot, frère du colonel tué au combat de Mouley-Ismaël, avait la composition suivante : Douair et Sméla, Turcs et coulouglis d’Ibrahim, 2e régiment de chasseurs d’Afrique, quatre compagnie de zouaves, 2e léger, une compagnie de mineurs, une de sapeurs. Les autres brigades se composaient : la deuxième, sous le général Perregaux, des trois compagnies d’élite venues d’Alger, du 17e léger et d’une compagnie de sapeurs ; la troisième, sous le général d’Arlanges, du 1er bataillon d’Afrique et du 11e de ligne ; la quatrième, sous le colonel Combe, du 47e. Deux obusiers de montagne étaient attachés à chaque brigade. La réserve était formée d’un bataillon du 66e, d’une compagnie de sapeurs, de quatre obusiers de montagne et d’une batterie de campagne. L’effectif dépassait onze mille hommes, dont un millier d’indigènes. Quoique l’emploi des chameaux affectés au transport des approvisionnemens eût permis de réduire le nombre des voitures, il y avait encore neuf cents chevaux d’attelage ; c’était beaucoup. Soucieux de ménager les forces du soldat, le maréchal avait fait réduire le paquetage ; mais, à la place des effets laissés en magasin, chaque homme emportait des vivres pour deux jours, et, de plus, une double ration de biscuit et de riz dans un sachet cacheté, qui ne devait être ouvert que sur l’ordre des chefs de corps.

Le 26 novembre, toutes les troupes étaient réunies au camp du